La maladie rénale diabétique (MRD) constitue un des principaux motifs de consultation en néphrologie et la première cause d’insuffisance rénale terminale. Une prise en charge précoce et multidisciplinaire permet de ralentir son évolution.

Travail rétrospectif visant à étudier les caractéristiques clinico-biologiques et épidémiologiques des patients nouvellement adressés en consultation de néphrologie dans un hôpital régional de Tunis en 2019.

Notre étude a inclus 184 patients diabétiques (dont 177 de type 2) sur un total de 366 nouveaux patients adressés en 2019 (50 %).

Le ratio hommes/femmes était de 0,85 et l’âge moyen de 65,4 ans. Quatorze pour cent étaient tabagiques. Le diabète était significativement plus ancien (p<10-3) et moins bien équilibré chez les patients ayant une rétinopathie diabétique (p=0,01). L’hypertension artérielle, la coronaropathie, la notion d’accident vasculaire cérébral étaient retrouvées dans respectivement 87 %, 22,4 % et 13 % des cas. La moitié des patients était sous insuline. Parmi les 104 (56,5 %) patients sous anti diabétiques oraux, 83 % étaient sous Metformine, associée à un sulfamide dans 48 % des cas. Les patients ayant une albuminurie recevaient un agent bloqueur du système rénine angiotensine dans 73 % des cas. Environ un tiers des hypertendus recevaient une bithérapie. Les patients étaient adressés par un médecin généraliste, un spécialiste ou par un service d’urgences dans respectivement 40,1 %, 52,7 % et 8,2 % des cas. Ceux adressés par les généralistes avaient une albuminurie et une créatinine sérique plus faibles comparés à ceux adressés par les spécialistes (p=0,001 et p<10-3). Le motif de consultation principal était l’élévation des chiffres de créatinine (75,5 %), suivi par la protéinurie (12,5 %) et la micro-albuminurie (8,2 %). Parmi les hypertendus, 76 % avaient une pression artérielle systolique supérieure à 130mmHg. Ces derniers avaient une albuminurie significativement plus importante (p=0,005). Les moyennes de la créatinine plasmatique et du débit de filtration étaient de 172μmol/l et 48,8ml/min/1,73m². Il y avait une association entre ces deux paramètres et l’ancienneté du diabète (p=0,009 et p=0,015). Parmi les 73 patients ayant une albuminurie, 53 % n’étaient pas connus porteurs de rétinopathie.

La majorité des patients étaient adressés par des spécialistes, au stade d’insuffisance rénale modérée et avec une hypertension mal équilibrée. La prise en charge optimale du diabétique devrait inclure le néphrologue dès les stades les plus précoces de la MRD afin de ralentir sa progression.