Investigations complémentaires après un contrôle anormal à la métandiénone dans les urines d’un athlète professionnel … une enquête de type médico-judiciaire - 20/11/20
Résumé |
Objectifs |
Identifier les sources de contamination après un résultat analytique anormal dans les urines pour la métandiénone. Après un contrôle analytique anormal dans les urines, en cas de contestation, la charge de la preuve revient au sportif. Les auteurs rapportent le cas d’un athlète professionnel présentant un résultat anormal dans les urines pour la métandiénone, aussi connu sous le nom de méthandrosténolone. Ce stéroïde classé S1 (agents anabolisants) par l’AMA est interdit en permanence. L’athlète a contesté ce résultat et, sur conseil de ses avocats a demandé une analyse de ses phanères. Un mois après le contrôle antidopage, deux mèches de cheveux (noir, 2cm) ainsi que des ongles de main ont été envoyés au laboratoire. En parallèle, il a été demandé des analyses sur des compléments alimentaires (humains et vétérinaires) et des médicaments. Trente-neuf produits ont été réceptionnés et analysés.
Méthode |
Afin d’identifier la métandiénone dans les phanères et les produits utilisés par le sportif, le laboratoire a développé une méthode d’analyse spécifique par LC-MS/MS. Les cheveux (30mg, non segmentés du fait de la nature crépue) et les ongles broyés (30mg) ont été incubés 10min à 95°C dans 1mL de soude 1M en présence de 10ng de testostérone-D3. Après refroidissement, une extraction a été réalisée avec 5mL d’heptane. Enfin, après agitation, centrifugation et évaporation, l’extrait sec a été repris dans 30μL de méthanol (MeOH). Les médicaments et les compléments alimentaires ont été broyés et mis en solution dans du MeOH (pour les formes solides), dilués dans du MeOH avant analyse, centrifugés puis comparés à un standard de référence. Les transitions utilisées pour la métandiénone sont m/z 301>121 (quantification) et 301>149 (confirmation) et pour la testostérone-D3m/z 292>109.
Résultats |
Pour les phanères, la méthode est linéaire de 5 à 500pg/mg avec une limite de quantification à 5pg/mg. Les cheveux et les ongles de la main ont montré des résultats positifs à la métandiénone avec des concentrations respectives à 53 et 119pg/mg. Les prélèvements effectués couvrent la période des faits et les résultats obtenus semblent confirmer les résultats urinaires. La possibilité d’une contamination environnementale a été exclue du fait de la présence de la métandiénone dans les ongles. Néanmoins une contamination par des compléments alimentaires pourrait être envisagée. Les analyses des compléments alimentaires et des médicaments ont mis en évidence de la métandiénone dans quatre produits dont deux compléments alimentaires pour animaux (25ng/g et 452ng/g) et deux pour un usage humain (590pg/g et 18μg/g). La métandiénone était clairement indiquée dans la liste des ingrédients d’un des 4 produits. Afin de vérifier la contamination par les compléments alimentaires, les cheveux de la compagne (deuxième utilisatrice) et les poils des 3 chiens de l’athlète ont été prélevés et analysés. Les cheveux segmentés (4×1cm) de la compagne étaient positifs, avec des concentrations allant de 47 à 64pg/mg. Les poils des 3 chiens étaient également positifs, avec des concentrations de 13, 36 et 42pg/mg.
Conclusion |
Les résultats obtenus dans les phanères et les compléments alimentaires sont en faveur d’une pratique dopante, alors que l’athlète nie toute consommation. Les investigations supplémentaires, de type enquête médico-judiciaire, sont intéressantes dans des cas où la molécule retrouvée dans les urines est aussi présente dans les cheveux, puisqu’elles permettent de comprendre la nature de la contamination. Même si les auteurs n’expliquent pas la présence de métandiénone dans les compléments alimentaires pour animaux, il est acceptable de considérer qu’il s’agit d’une contamination. L’athlète a été blanchi de toute accusation de dopage.
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Vol 32 - N° 4S
P. S13 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.