Mise en évidence post-mortem de la DOC (2,5-dimethoxy-4-chloramphétamine), 4 ans après le décès - 20/11/20
Résumé |
Objectifs |
Discuter une possible mort toxique impliquant la DOC (2,5-dimethoxy-4–chloramphétamine) chez un individu décédé il y a 4 ans, dont le corps est en état de décomposition.
Méthode |
Pendant une soirée festive à l’étranger, des individus sniffent une poudre présentée comme du LSD. Deux d’entre eux sont retrouvés morts le lendemain, dont un ressortissant français. Sur place, en Chine, une autopsie et des examens toxicologiques et anatomo-pathologiques sont réalisés sur le cadavre du Français. Les autorités locales ont conclu à une mort par défaillance respiratoire aiguë et une insuffisance circulatoire causée par l’éthanol et l’amphétamine. Quatre ans après, une seconde autopsie est effectuée en France après exhumation du corps. La contre-autopsie n’a pas mis en évidence de lésion traumatique visible. Plusieurs prélèvements ont été réalisés (os, résidus de tissus et fragments d’organes) pour expertise toxicologique. Des analyses toxicologiques complètes ont été réalisées sur ces matrices dégradées. La DOC a été analysée de façon systématique par LC-MS/MS avec deux transitions m/z 230,1>185 ;m/z 230,1>155.
Résultats |
Dans tous les échantillons analysés, il a été mis en évidence de la DOC, une phénethylamine alpha methylé substituée, agissant comme un agoniste partiel sélectif de la sérotonine : os (14ng/g), foie (99ng/g), poumon (15ng/g) et poils pubiens (32pg/mg). Aucun autre toxique n’a été retrouvé. Ces concentrations ne peuvent pas être comparées aux données de la littérature par manque de référence. L’analyse de résidus de vêtements en contact avec le corps a également mis en évidence de la DOC. Compte tenu de l’état très dégradé des échantillons, une étude de stabilité de la DOC, sur sang total, a été entreprise, qui a montré une bonne conservation sur une période de 3 mois. Cette étude se poursuit actuellement sur une durée plus longue. Enfin, à l’aide de microsomes hépatiques et d’une analyse par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse haute résolution, une étude est en cours pour rechercher dans les prélèvements d’éventuels métabolites afin de renforcer l’identification de la molécule mère et de connaitre la transformation de cette dernière dans les prélèvements de la victime.
Conclusion |
Cette observation a mis en évidence une exposition à la DOC, dont l’imputabilité sur le décès reste à discuter. En particulier, l’éventuelle association avec de l’éthanol ou des molécules qui auraient pu se dégrader en 4 ans ne peut pas être exclue. La stratégie du laboratoire est de proposer une interprétation rigoureuse en cherchant, point par point, à évaluer tous les paramètres impliqués(anamnèse, qualité du prélèvement, nouvelle méthode analytique, métabolisme, stabilité dans le temps) dans l’interprétation finale.
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Vol 32 - N° 4S
P. S14-S15 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.