Suite au décret n° 2016-1152 du 24 août 2016 et de l’arrêté du 13 décembre 2016, la confirmation d’un dépistage positif aux stupéfiants est dorénavant faite dans la plupart des cas sur de la salive prélevée à l’aide d’un écouvillon type Floqswabs®. L’arrêté ne préconise aucun protocole analytique, le résultat exigé n’est pas quantitatif, il doit simplement infirmer ou confirmer une positivité en respectant les seuils minima de détection. Le seuil retenu pour le 9-tétrahydrocannabinol (THC, cannabis) est de 1ng/mL de salive (ou équivalent) et 10ng/mL pour les autres stupéfiants. La SFTA a mis dès 2018 à la disposition de ses membres 2 EEQ (Evaluation Externe de la Qualité) annuels sur ce support. Sur la base du volontariat, les laboratoires ont pu rendre un résultat quantitatif en plus des résultats qualitatifs demandés par la loi. Le but de l’étude a été l’analyse rétrospective des résultats compte tenu de l’absence d’utilisation de cet écouvillon dans cette application partout dans le monde.

Une première analyse a porté sur l’approche réglementaire qualitative et une seconde sur l’étude statistique des résultats quantitatifs restitués par les 36 à 41 laboratoires participants en fonction des EEQ.

Les 4 EEQ proposés contenaient l’ensemble des 10 molécules à rechercher avec des concentrations situées entre 2 et 40ng/mL pour le THC et entre 15 et 500ng/mL pour les autres stupéfiants. La plupart des laboratoires utilisent dorénavant le couplage de la LC avec la spectrométrie de masse tandem pour réaliser ces recherches. De nombreux laboratoires n’ont pas été en capacité de confirmer la présence d’un grand nombre de molécules et ce malgré des limites de détection déclarées égales voire très largement inférieures aux concentrations ajoutées. D’un point de vue qualitatif, seule la benzoylecgonine à 150ng/mL a été retrouvée positive par l’ensemble des laboratoires sur 40 données. Le plus mauvais résultat revient au THC à 2ng/mL (soit 2 fois le seuil imposé par la loi) avec seulement 25 % des laboratoires ayant rendu un résultat positif. Selon l’EEQ et la concentration des molécules, 20 à 75 % des laboratoires ont rendus un résultat quantitatif. L’analyse quantitative montre une très grande variabilité des résultats (facteur 1 à 400) ne permettant pas une analyse statistique satisfaisante. Les concentrations retrouvées sont le plus souvent sous-estimées et posent questionnement sur la désorption des molécules à partir du Floqswab®. Par ailleurs, il est constaté une dégradation de la cocaïne au profit de la benzoylecgonine, seule molécule dont les valeurs qualititatives sont souvent supérieures aux valeurs ajoutées.

L’analyse des résultats de ces 4 premiers EEQ stupéfiants salivaires met en exergue les problèmes rencontrés par les laboratoires avec cet écouvillon notamment pour le THC. Le décret demande de réaliser, sans aucune recommandation de protocole de préparation d’échantillon, la confirmation des 4 classes de stupéfiants sur un seul Floqswab®. Pour répondre aux exigences du décret chaque laboratoire a dû mettre au point une méthode unique de désorption de toutes les molécules de natures physicochimiques pourtant très différentes présentes sur le Floqswab®, ce qui semble difficile à réaliser sur cet écouvillon qui n’était pas destiné à cet usage initialement. Les laboratoires participants ont au moins la connaissance de ces limites suite à ces EEQ.