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Consommation de cannabinoïdes de synthèse (CS) en région parisienne : la preuve par les cheveux. Profil d’un consommateur de 9 CS dérivés indoles et indazoles et premières données de la littérature - 20/11/20

Doi : 10.1016/j.toxac.2020.09.040 
Islam Amine Larabi 1, , Emuri Abe 1, Isabelle Etting 1, An hung Nguyen 2, Yves Edel 2, Jean-Claude Alvarez 1
1 Laboratoire de pharmacologie -toxicologie, CHU Raymond-Poincaré-université de médecine de Versailles Saint-Quentin-En-Yvelines (UVSQ), Garches, France 
2 Service d’addictologie, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectifs

Les CS sont le plus grand groupe de NPS consommés dans le monde avec plus de 179 molécules identifiées en Europe depuis 2017, et représentent donc un défi majeur en matière de détection et de surveillance. Néanmoins, la réalité de leur consommation en France demeure incertaine [1]. Nous rapportons le cas d’une polyconsommation de 9 CS et démonterons leur incorporation dans les cheveux à travers les concentrations observées.

Méthode

Un homme de 42 ans est hospitalisé en psychiatrie en décembre 2019 pour dépendance au cannabis (10 joints/j) et alcool (180g/j) suivie depuis 2008. Le patient est consommateur occasionnel de cocaïne (1 prise/mois), de codéine, et ponctuellement d’héroïne. Il présente des antécédents de troubles de la personnalité et une tentative de suicide et décrit un sevrage non respecté depuis 5 mois, suite au décès de sa mère. L’examen clinique révèle un craving important avec sueurs, tremblements et palpitations. Un traitement anxiolytique et hypnotique est initié. Une analyse capillaire sur une mèche noire de 20cm (dreadlocks) a été demandée pour caractériser l’usage de drogues. Trois segments de 20mg (A : 0–2cm ; B : 2–4cm ;C : 4–6cm) sont décontaminés, extraits par hexane/acétate d’éthyle (1 :1, v/v) en présence de JWH-018-d11 et analysés par LC-MS/MS en mode gradient (formiate d’ammonium 2mM, 0.1 % d’acide formique (A) et acétonitrile (B)) sur une colonne Hypersyl Gold PFP (1,9μm, 100×2,1mm, ThermoFisher) maintenue à 30 C°. La détection est en mode MRM après ionisation positive. La méthode dédiée à la recherche de plus de 300 molécules d’intérêt en toxicologie a récemment été enrichie par l’ajout de 16 CS [2].

Résultats

Les limites de détection (LDD) et de quantification des CS varient de 0,3 à 8pg/mg et de 1 à 25pg/mg respectivement (CV15 %) et la limite supérieure de quantification à 1000pg/mg permet d’atteindre une bonne linéarité (r2>0,996). La justesse intra-journalière et inter-journalière (biais) et les précisions (CV) correspondantes sont respectivement ≤8,2 %, ≤14,3 %, ≤8,3 % et ≤14,9 %. Le rendement de récupération varie de 61 à 94 % et l’effet de matrice de 31 à 110 %. Aucune interférence endogène ni de contamination inter-échantillons n’ont été observées. L’analyse capillaire confirme l’exposition du patient au cannabis (A/B/C, pg/mg : THC 700/1071/1763 ; CBD 1096/1533/1977 ; CBN 433/813/1389), à la cocaïne (350/230/960) et ses métabolites (BZE, EME, norcocaine, AEME, cocaéthylène), ainsi qu’à la MDMA (9/5/5) et la codéine (180/170/30). De plus, 9 CS non déclarés par le patient ont été identifiés et quantifiés : JWH-019 (50/27/12), JWH-200 (20/13/5), JWH-250 (30/42/40), AM-2201 (32/10/3), BB-22 (10/10/10), 5F-PB-22 (64/14/10), 5F-APINACA (20/<10/<3), ADB-PINACA (43/20/10), AB-FUBINACA (36/10/<3). Ces concentrations évoquent une consommation régulière dans les 6 mois précédant le prélèvement. L’augmentation des concentrations entre le segment distal et le segment proximal (ratio A/C4) pour l’ensemble des CS sauf pour le JWH-250 et le BB-22 où les concentrations restent stables (ratio A/C1) semble en faveur d’une augmentation de la consommation pouvant expliquer le phénomène de craving malgré une baisse de la consommation de cannabis. Les concentrations capillaires de BB-22, 5F-APINACA, ADB-PINACA et AB-FUBINACA représentent les premières données de la littérature, et semblent montrer une bonne intégration de ces CS dans la matrice capillaire.

Conclusion

Malgré une prévalence des CS qui demeure faible en France par rapport aux cathinones, ce cas illustre la nécessité de les rechercher systématiquement et montre l’intérêt majeur des cheveux pour l’étude des expositions aux NPS.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 32 - N° 4S

P. S17 - décembre 2020 Retour au numéro
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