Aspects techniques, pratiques et diagnostiques de la mise en œuvre en routine d’une méthode de dosage sanguin du phosphatidyléthanol 16 :0/18 :1 - 20/11/20
Résumé |
Objectifs |
Présenter les aspects techniques et pratiques d’une méthode de dosage sanguin du phosphatidyléthanol 16 :0/18 :1 (PEth) par CL-SM/SM et illustrer sa mise en œuvre en toxicologie biologique de routine.
Méthode |
Les prélèvements sanguins consistent en des tubes citratés* ou des Dried Blood Spots (DBS) obtenus par un dispositif volumétrique de prélèvement capillaire tel que l’Hémaxis. *Dans ce cas, 10μL de sang total sont « spotés » sur buvard à réception au laboratoire. Après séchage et poinçonnage, l’intégralité du spot est extrait 60min à température ambiante par une solution méthanolique de PEth-D5. La séparation (Tr : 3,81min, run : 13min) est réalisée dans une colonne C18 (KinetexTM, 2,6μm, 50×2,1mm, Phénomenex, France) et la détection (TQS, Waters, France), après ionisation par électrospray en mode négatif, est réalisée en mode MRM sur les transitions suivantes (m/z quantification) : PEth 701,5 → 281,2 et 701,5 → 255,2 ; PEth-D5 706,5 → 281,2 et 706,5 → 255,2. Des contrôles de qualité internes et externes commerciaux sont disponibles. Les seuils d’interprétation ont été pré-définis sur une base bibliographique et confortés par les résultats d’une pré-étude chez des patients d’addictologie.
Résultats |
La stabilité in vitro du PEth a été vérifiée dans les tubes citratés (n=28 ; 15 j à +4°C) et sur DBS (n=20 ; 6 mois à T° ambiante). Cette méthode de dosage permet ainsi l’identification et la quantification du PEth avec une limite de quantification et de détection de 5μg/L et une limite de linéarité haute de 1000μg/L. Les CV inter-séries sont inférieurs à 12 % sur l’ensemble du domaine de mesure et les tests de contamination inter-échantillons sont inférieurs à 0,6 %. Cette méthode est accréditée selon la norme NF EN ISO 15189 en portée B. Concernant l’interprétation, aucune valeur seuil d’interprétation ne fait actuellement l’objet d’un consensus international, mais plusieurs études s’accordent sur une concentration sanguine de PEth de (1) 210μg/L au-delà de laquelle se situent les « consommateurs excessifs », et de (2) 20μg/L au-delà de laquelle se situent les consommateurs modérés [1 ] : ces seuils sont ceux actuellement utilisés dans notre laboratoire.
Conclusion |
Ce dosage est mis en œuvre en routine au CHU de Lille depuis mars 2019 avec comme principaux prescripteurs les services d’addictologie, d’hépatologie et de transplantation hépatique (548 demandes en 2019 dont 11,3 % des résultats correspondent à des consommateurs modérés et 9,1 % à des consommateurs excessifs). Le PEth s’insère parmi les biomarqueurs d’alcoolisation en répondant à la question d’une consommation au cours, non plus de quelques jours, mais jusqu’à plusieurs semaines. Du fait de son aspect cumulatif, c’est un biomarqueur quantitatif d’alcoolisation chronique, utilisé en addictologie, pour le dépistage des rechutes après sevrage et surtout dans le suivi et la surveillance du sevrage en raison de sa cinétique de décroissance immédiate [2 ] En transplantation hépatique, le dosage du PEth associé à celui de l’éthylglucuronide urinaire a permis une augmentation de 3,2 % à 13,8 % des détections de consommations. Effectivement, il offre une fenêtre de détection plus étendue et de meilleures sensibilités et spécificités que les marqueurs usuels. Son utilisation, que ce soit pour l’inscription (et le maintien) sur les listes de receveurs, mais également pour le suivi en post-greffe, permet un meilleur repérage des patients présentant des consommations en alcool persistantes, et autorise ainsi une prise en charge addictologique plus précoce chez ces patients à haut risque [3 ].
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Vol 32 - N° 4S
P. S22-S23 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.