Analyses toxicologiques post-mortem lors d’une mort inattendue du nourrisson (MIN)–Données de l’Observatoire des MIN–Étude TOX-MIN - 20/11/20
Study group Omin8
Résumé |
Objectifs |
Les MIN sont la première cause de mortalité en France chez les enfants de moins de 1 an. En 2015, sous l’impulsion de l’association des centres référents de la MIN (Ancremin) et le CHU de Nantes l’Observatoire national des Morts Inattendues du Nourrisson (OMIN) a été créé. Il regroupe 35 des 37 centres de référence MIN (DROM inclus) français. Les objectifs de l’OMIN sont de (1) créer une base de données standardisée, (2) dénombrer de manière exhaustive les cas de MIN en France et surveiller leur évolution dans le temps (données épidémiologiques), (3) d’identifier les mécanismes impliqués dans les MIN, (4) d’identifier de nouveaux facteurs de risque et (5) de réunir un groupe d’experts multidisciplinaires pour coordonner et développer la recherche sur les MIN nationalement et internationalement. Pour identifier les causes du décès, la Haute-Autorité de santé (HAS) recommande un examen clinique complet, des examens biologiques, des examens radiologiques, une imagerie cérébrale ainsi que la proposition systématique d’une autopsie. Des résultats toxicologiques positifs peuvent être évocateurs de maltraitance ainsi qu’être un facteur participant à la MIN. L’objectif principal de l’étude étaient d’analyser la prévalence des analyses toxicologiques dans les morts inattendues du nourrisson (MIN). Les objectifs secondaires étaient de comparer les caractéristiques des enfants avec des résultats positifs (TOX+) et négatifs (TOX-) ainsi que l’association de ces résultats avec des facteurs connus des MIN et le niveau socio-économique des parents.
Méthode |
Il s’agit d’une étude nationale rétrospective observationnelle multicentrique réalisée de 2015 à 2018 à partir des données de l’OMIN incluant les données de tous les enfants de moins de 2 ans pris en charge dans l’un des 35 centres de référence MIN (CRMIN). Les analyses toxicologiques étaient réalisées sur le sang, les urines, le liquide gastrique, la bile et les cheveux avec racines (HAS 2007).
Résultats |
Entre mai 2015 et décembre 2018, 624 MIN ont été enregistrées dans l’OMIN. Des analyses toxicologiques ont été réalisées chez 398 enfants (62 %). Trente-six analyses (9 %) étaient positives pour des toxiques attendus (molécules de réanimation ou traitement habituel) (53 %) et pour des produits inattendus (47 %). Les matrices positives étaient le sang (32 %), le liquide gastrique (27 %), les cheveux (25 %) et les urines (21 %). Les molécules inattendues étaient les opiacés (n=8), le cannabis (n=4), la cocaïne (n=3), la cotinine (n=2), le monoxyde de carbone (n=2), la caféine (n=1), l’alcool (n=1) et le GHB (n=1). La distribution des patients TOX+ et TOX- étaient significativement différente. Les conditions socioéconomiques étaient plus souvent précaires dans le groupe TOX+. Ces mêmes enfants étaient moins souvent seuls dans le lit lors du décès et leur couchage plus souvent constaté inadapté. L’examen du corps retrouvait une hygiène plus souvent décrite comme insuffisante. L’anamnèse familiale retrouvait plus souvent un antécédent de prise de psychotropes ou de consommation de drogues illicites chez la mère.
Conclusion |
Malgré les recommandations de la HAS, les analyses toxicologiques n’étaient pas réalisées dans plus d’1/3 des cas. Pourtant, la prévalence de résultats toxicologiques positifs impose de rappeler le caractère systématique de ce type d’analyse lors d’une MIN. Les enfants TOX+ pour des molécules inattendues sont issus de milieux plus précaires et avec un historique de consommation de molécules sur prescription ou illicites. Les familles identifiées dans ces catégories doivent être mieux repérées en maternité et pourraient bénéficier d’un programme de prévention avec un suivi régulier.
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Vol 32 - N° 4S
P. S26-S27 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.