Spécificités de l’analyse capillaire avant l’âge de 2 ans - 20/11/20
Résumé |
Objectifs |
Les cheveux représentent chez le sujet adulte une matrice toxicologique intéressante tant pour la détection que pour la datation des prises de toxiques. En pratiquant une analyse segmentaire, ils vont notamment permettre de distinguer une prise unique d’une prise chronique d’un xénobiotique. Dans le premier cas, le composé administré qu’une seule fois ne sera retrouvé que dans le segment correspondant à la période de la prise et à très faible concentration, de l’ordre de 1 à 10pg/mg, alors que la consommation chronique sera caractérisée par la présence du composé sur l’ensemble des segments à des concentrations plus élevées. Les cheveux de l’enfant en particulier ceux de moins de 2 ans présentent une porosité très importante par rapport à ceux de l’adulte. Par ailleurs, à cet âge, les toxiques sont excrétés dans la sueur et le sébum de façon importante et très rapide, moins d’une heure après l’administration, pouvant ainsi contaminer la tige pilaire [1 ] et modifier le comportement des toxiques dans les cheveux. L’objectif de cette présentation est de faire le point sur l’intégration des toxiques dans les cheveux du jeune enfant et ses conséquences sur l’analyse capillaire.
Méthode |
Une revue de la littérature sur les cas d’enfants ayant eu une analyse capillaire quelle que soit la raison sera effectuée. Les résultats d’une étude de l’auteur sera également présentée, ainsi que quelques cas de mort subite du nourrisson (MSN) pour lesquels une analyse capillaire a été effectuée.
Résultats |
Plusieurs cas d’enfants avec analyse capillaire sur cheveux prélevés simultanément à du sang et/ou de l’urine retrouvés positifs à un composé ont été publiés. Dans tous ces cas, la présence du composé tout le long de la fibre capillaire a été interprété comme un usage chronique de ce composé. Une étude récente [2 ] a été réalisée chez 18 enfants âgés de 1 jour à 15 ans hospitalisés pour diverses raisons dont des intoxications. Des prélèvements de cheveux ont été réalisés entre 1 jour et 45jours après l’admission. Pour tous les enfants dont l’âge était inférieur à 29 mois (n=10), la molécule responsable de l’intoxication ou les médicaments administrés une seule fois à l’admission ont été retrouvés tout le long des cheveux parfois à des concentrations très élevées, notamment si le prélèvement capillaire était proche de l’administration. Chez les enfants dont l’âge était supérieur à 34 mois, les molécules administrées à l’admission ou responsable de l’intoxication n’ont pas été retrouvées sur les cheveux prélevés dans les 5jours suivant l’administration. Récemment, chez 6 nourrissons décédés d’une MSN âgés de 3 mois à 18 mois, de nombreuses molécules ont été retrouvées, certaines correspondant aux traitements reçus par la maman durant la grossesse (metoclopramide, paracétamol…), d’autres correspondant à l’accouchement (ropivacaine de la péridurale, lidocaine et prilocaine des patchs d’Emla®..), d’autres administrées par la mère quelques heures avant le décès : trimebutine et déméthyltrimébutine retrouvées à forte concentration dans les cheveux (4020 et 1470pg/mg) et également retrouvé dans le sang (<5ng/mL, limite de quantification pour les deux composés) confirmant la prise récente. Dans un cas les molécules antihypertensives consommées par le grand-père ont été identifiées dans les cheveux du nourrisson à très faible concentration, en lien probablement avec une contamination externe par la sueur du grand père.
Conclusion |
L’analyse capillaire chez l’enfant de moins de 2 ans ne peut pas permettre de distinguer un usage unique d’un usage chronique d’une molécule dû à la porosité importante à l’origine d’une contamination externe importante et à la diffusion longitudinale observée dans les cheveux de ces enfants.
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Vol 32 - N° 4S
P. S27-S28 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.