Parmi les opioïdes, l’utilisation de l’oxycodone a significativement augmenté en France au cours de la dernière décennie [1Pauly V., et al. Therapies 2011 ;  66 : 369-372 [inter-ref]

Cliquez ici pour aller à la section Références]. Un comportement de doctor shopping (c’est-à-dire un chevauchement de prescriptions de plusieurs prescripteurs pour un même médicament) a été identifié dans plusieurs régions, ce qui suggère notamment une recherche de doses élevées en dehors de toute prise en charge médicale [2Nordmann S., et al. Pain Physician 2013 ;  16 : 89-100

Cliquez ici pour aller à la section Références, 3Ponté C., et al. Drug Alcohol Depend 2018 ;  187 : 88-94

Cliquez ici pour aller à la section Références]. L’objectif de cette étude nationale sans équivalent est de comparer l’utilisation de l’oxycodone et le comportement de doctor shopping pour l’oxycodone en 2010 et 2016, et de quantifier le comportement de doctor shopping pour l’oxycodone en fonction de facteurs de risque d’abus individuels et pharmacologiques (sexe, âge, formulation, dosage).

Cette étude est une analyse nationale transversale du comportement de doctor shopping à partir des délivrances d’oxycodone enregistrées dans le Système national des données de santé (SNDS), qui centralise les données de l’Assurance maladie pour les 67 millions d’habitants en France [4Tuppin P., et al. Rev Epidemiol Sante Publique 2017 ;  65 : S149-S167 [inter-ref]

Cliquez ici pour aller à la section Références]. Toutes les délivrances de médicaments contenant de l’oxycodone en 2010 et 2016 ont été extraites de la base de données individuelles des bénéficiaires (DCIR), pour tous les bénéficiaires de l’Assurance maladie, sans critère d’exclusion. La quantité d’oxycodone obtenue par doctor shopping a été calculée en utilisant un algorithme validé, et en prenant en compte les chevauchements de prescriptions [2Nordmann S., et al. Pain Physician 2013 ;  16 : 89-100

Cliquez ici pour aller à la section Références, 3Ponté C., et al. Drug Alcohol Depend 2018 ;  187 : 88-94

Cliquez ici pour aller à la section Références]. Des comparaisons entre 2010 et en 2016 ont été conduites, et la quantification du comportement de doctor shopping a été stratifiée par sexe, âge, formulation, et dosage. Cette étude a reçu un avis favorable du Comité d’expertise pour les recherches, les études et les évaluations dans le domaine de la santé (CEREES, numéro TPS 71767) et une autorisation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL, numéro 918282).

Entre 2010 et 2016, le nombre de sujets ayant reçu de l’oxycodone a augmenté de 214 %, passant de 67 838 sujets en 2010 à 212 753 sujets en 2016, et la quantité d’oxycodone délivrée a augmenté de 207 %, passant de 362,9kg en 2010 à 1115,5kg en 2016. De même, le nombre de sujets ayant un comportement de doctor shopping a augmenté de 192 %, passant de 1542 sujets en 2010 à 4498 sujets en 2016, et la quantité d’oxycodone obtenue par doctor shopping a augmenté de 240 %, passant de 2,6kg en 2010 à 8,8kg en 2016. Par sexe et par âge en 2016, la quantité d’oxycodone obtenue par doctor shopping était la plus élevée pour les hommes (5,1kg), et pour les sujets âgés de 30 à 64 ans (6,6kg). Par formulation et par dosage en 2016, la quantité d’oxycodone obtenue par doctor shopping était la plus élevée pour les comprimés d’oxycodone à libération immédiate de 20mg (1,5kg), et pour les comprimés d’oxycodone à libération prolongée de 120mg (1,0kg).

L’existence et l’ampleur du comportement de doctor shopping pour l’oxycodone au niveau national sont un signal d’autant plus fort dans le contexte français, que sa prescription et sa délivrance sont très réglementées, et l’exposition de la population française à l’oxycodone reste relativement faible par rapport à d’autres pays.