Protoxyde d’azote ou gaz hilarant, une recrudescence de son usage récréatif - 20/11/20
Résumé |
Objectif |
À travers la présentation d’un cas d’usage de protoxyde d’azote au volant, nous soulevons la problématique de l’usage récréatif croissant de cet anesthésique pouvant provoquer des intoxications graves voire des décès. Ceci a été l’objet d’une alerte de la Direction générale de la Santé le 19 novembre 2019 suite aux signalements effectués à l’ANSM via les CEIP-A [1 ].
Méthode |
Un jeune homme de 21 ans s’est tué lors d’un accident de la circulation. Selon le passager survivant du véhicule, il était en train de consommer du protoxyde d’azote lorsque son véhicule s’est encastré sous un camion. Le laboratoire a été saisi pour rechercher l’éthanol, les stupéfiants et le protoxyde d’azote dans les prélèvements sanguins autopsiques et dans une capsule de gaz pour siphon retrouvée dans le véhicule. Nous avons rapidement contacté le médecin légiste afin qu’un prélèvement sanguin soit effectué directement dans un flacon hermétique de type « headspace ». La recherche de produits stupéfiants a été réalisée en GC/MS en mode SIM après des extractions liquide-liquide. L’éthanol a été recherché par HS/GC/FID et le protoxyde d’azote par HS/GC/MS.
Résultats |
La recherche d’éthanol s’est révélée négative dans les sangs périphérique et cardiaque ainsi que dans la capsule. La benzoylecgonine a été mesurée dans le sang périphérique à la concentration de 7,2μg/L et dans le sang cardiaque à 4,5μg/L. Le protoxyde d’azote a été identifié dans la capsule et dans le sang cardiaque, le volume de sang périphérique n’étant pas suffisant pour réaliser cette analyse.
Conclusion |
Le protoxyde d’azote ou gaz hilarant est utilisé dans le milieu médical en tant qu’anesthésique et analgésique mais également comme gaz propulseur dans certains aérosols tels que les capsules pour siphons de Chantilly. Son usage, auparavant cantonné à l’espace festif, s’est élargi à l’espace public. Il est important que les toxicologues recherchent ce gaz, difficile à mettre en évidence et nécessitant des prélèvements en flacon hermétique. En cas de positivité, les résultats doivent être transmis aux organismes les recensant tels que l’OFDT. Par ailleurs, le texte d’une proposition de loi tendant à protéger les mineurs des usages dangereux du protoxyde d’azote (interdiction de vendre ou d’offrir gratuitement ce gaz quel que soit son conditionnement, prévention dans les établissements scolaires..) a été adopté en première lecture par le Sénat le 11 décembre 2019 [2 ].
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 32 - N° 4S
P. S39 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.