S'abonner

La soumission chimique des enfants victimes de filicides-suicides : à propos de 15 cas - 20/11/20

Doi : 10.1016/j.toxac.2020.09.022 
Isabelle Nahmani
 Service de médecine Légale, Hopital Edouard Herriot, Lyon, France 

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
Article gratuit.

Connectez-vous pour en bénéficier!

Résumé

Objectif

Les assassinats d’enfants, ou « infanticides » ne sont pas si rares dans les pays dits développés. Lorsqu’il existe un lien parental entre le meurtrier et l’enfant victime, ce crime est appelé « filicide ». Ainsi, en France, en 2016, 67 enfants sont décédés suite à l’acte criminel d’un de leur parent, beau-parent ou encore grand-parent. Fréquemment, le parent criminel administre des substances psychoactives à ses enfants dans les heures précédant le passage à l’acte hétéro-agressif, ce que L’ANSM définit comme étant de la soumission chimique, à savoir « l’administration à des fins criminelles ou délictuelles d’une substance psychoactive à l’insu de la victime ». L’objectif est de présenter une série de 28 cas de filicides-suicides pour lesquels des analyses toxicologiques ont été réalisées.

Méthode

Le recueil de cas d’enfants victimes d’un passage à l’acte filicide a été effectué parmi les autopsies réalisées dans les instituts médico-légaux de GRENOBLE, LYON et NANCY, entre 2006 et 2018. Les analyses toxicologiques post-mortem ont été effectuées sur des échantillons principalement de sang central, sang périphérique, urine, bile, humeur vitrée et contenu gastrique. Les investigations étaient basées sur les recommandations décrites dans l’expertise toxicologique de référence. Elles ont systématiquement comporté des screening à l’aide de méthodes immunochimiques et chromatographiques (liquide ou gazeuse) couplées à des détecteurs de masse et des dosages de confirmation de toutes les substances identifiées.

Résultats

Un total de 28 cas ont été retenus, 22 de GRENOBLE, 3 de LYON et 3 de NANCY, avec 1 à 8 cas par an sur la période de 12 années de recueil. L’âge moyen des enfants victimes est de 8 ans et 1 mois, avec un sexe ratio de 13 garçons et 15 filles. Sept enfants sont victimes d’un filicide maternel et 21 enfants sont victimes d’un filicide paternel. Sur les 28 enfants victimes de filicides-suicides, 14 d’entre eux ont des analyses toxicologiques révélant des substances médicamenteuses administrées dans les heures précédant leur décès. Les 14 autres avaient des analyses toxicologiques négatives. Pour 12 d’entre eux, il s’agit de psychotropes faisant évoquer une soumission chimique. Les molécules retrouvées sont des benzodiazépines (bromazepam, prazepam, alprazolam), des antihistaminiques (hydroxyzine, doxylamine), des hypnotiques (zopiclone, zolpidem) et des antidépresseurs (mirtazapine, amoxapine). Deux autres enfants ont des traces résiduelles de caféine et de lidocaïne, dans le sang et dans le contenu gastrique. Pour 5 enfants, l’empoisonnement par benzodiazépines (bromazépam) est le mécanisme létal principal, avec des concentrations sanguines comprises entre 1128μg/L et 1197μg/L. Il s’agit de deux cas de filicides maternels. Enfin, nous soulignons la grande facilité d’accès à ces molécules par le parent criminel, au moyen d’une prescription médicale nominative retrouvée dans 10 cas. Dans les deux autres cas, la mère s’était procuré les substances directement sur son lieu de travail.

Conclusion

Dans deux cas de filicides maternels, regroupant 5 enfants victimes, les concentrations de benzodiazépines étaient létales. Pour les 23 autres enfants victimes, l’administration des substances avait probablement pour but de modifier leur vigilance. Les molécules utilisées par le parent criminel ne sont majoritairement pas prescrites chez l’enfant. Leur procuration, fréquemment auprès des médecins traitants des parents-filicides, pourrait faire l’objet d’une prévention, grâce à la sensibilisation des professionnels de première ligne sur le détournement possible de ces psychotropes à des fins criminelles par un parent présentant des facteurs de risques de commettre un filicide.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Plan


© 2020  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 32 - N° 4S

P. S50 - décembre 2020 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Apport du screening toxicologique aux urgences pédiatriques : expérience du CH de Chambéry
  • Jérome Grosjean, Gaelle Beal
| Article suivant Article suivant
  • Les intoxications aigües en réanimation pédiatrique: Étude rétrospective à l’unité de réanimation pédiatrique au CHU Farhat Hached de Sousse, Tunisie
  • Ramzi Kechaou, Elaa Annabi, Fadia Touhami, Kais Garrab, Youssef Braham

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.