Augmentation inquiétante de la consommation de méthamphétamine en France : point sur les données françaises d’addictovigilance - 20/11/20
Résumé |
Objectif |
La méthamphétamine est un psychostimulant puissant, dont la longue durée d’action en fait une substance attractive. Utilisée sous différentes voies (intraveineuse, fumée ou inhalée), elle est responsable d’effets toxiques cardiovasculaires et neuropsychiatriques fréquents pouvant aller jusqu’au décès. Le trouble de l’usage (TU) de méthamphétamine est un grave problème de santé publique mondial, en particulier en Amérique du Nord et en Asie. Cette consommation semble augmenter en France, en particulier dans le cadre du chemsex. L’objectif de cette étude est de faire le point sur la consommation de méthamphétamine en France, à partir des données d’addictovigilance.
Méthode |
Le réseau français d’addictovigilance a analysé tous les cas de consommation nocive liés à la prise de méthamphétamine signalé au réseau des centres d’addictovigilance, jusqu’au 31 décembre 2018 (analyse descriptive: âge, sexe, contexte, voie d’administration, effets, etc.). Les données des études pharmaco-épidémiologiques annuelles d’addictovigilance OPPIDUM et DRAMES ont également été analysées.
Résultats |
Entre 2003, date du premier cas signalé au réseau, et décembre 2018, 134 cas et 36 DivAS (Divers Autres Signaux) ont été signalés, avec une nette augmentation à partir de 2010. Les consommateurs étaient principalement des hommes, plutôt jeunes (âge médian: 30 ans). Le contexte d’utilisation était principalement sexuel et/ou festif. Les complications étaient essentiellement d’ordre psychiatrique (41 %), neurologique (14 %) et cardiaque (10 %); 2 décès (non inclus dans l’étude DRAMES) ont été signalés. Des analyses toxicologiques ont été effectuées pour 55 cas, avec une identification de méthamphétamine dans 45 cas (principalement qualitative). Dans l’étude OPPIDUM, il y a eu une augmentation de l’utilisation à partir de 2007 (principalement en Polynésie Française). L’étude DRAMES a enregistré 16 cas de décès entre 2010 et 2017, pour lesquels la méthamphétamine a été identifiée: dans 9 cas, la méthamphétamine était responsable ou co-responsable du décès. Dans la littérature, un seul cas français est publié (syndrome de la veine cave supérieure et symptômes psychotiques, non signalé au FAN) [1 ].
Conclusion |
En France, la méthamphétamine et son racémate, la lévométhamphétamine, sont inscrits dans l’annexe III de la liste des stupéfiants. La consommation de méthamphétamine, bien que modérée par rapport aux autres pays d’Europe, est en augmentation en France, notamment dans les contextes sexuels et festifs. Le nombre de saisies de méthamphétamine est également en augmentation. Il est important de sensibiliser les professionnels de la santé à cette augmentation de la consommation et aux risques qui y sont associés. Dans la mesure du possible, il est nécessaire de confirmer par des méthodes chromatographiques toute suspicion de consommation de méthamphétamine.
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Vol 32 - N° 4S
P. S53 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.