Il s’agit, à partir des dessins de conscience de ses sensations internes réalisés par les circassiens du Centre National des Arts du Cirque (CNAC) et de leurs verbatims, de décrire comment des sensations internes produites dans le corps vivant parviennent involontairement, par émersion, dans la conscience du corps vécu.

Nous utilisons une double méthode : d’une part, faire dessiner ce que la conscience du circassien se représente du fonctionnement de ses sensations internes dans le cours d’une action corporelle ; d’autre part, leur faire dresser le récit temporel de cette action corporelle pour exprimer ce dessin de conscience et mettre en mots leur théorie du corps.

Nous produisons ici plusieurs niveaux de dessins de conscience, accompagnés de leurs verbatims écrits par les sujets correspondant à des élaborations différentes de théorie du corps : d’une part, la perception localisée des zones internes et externes de la peau définit une sensibilité chronique. D’autre part, la temporisation subjective des différents moments de la sensibilité corporelle démontre son écart, le temps objectif du corps cérébrant le mouvement. Enfin, en ressentant l’espace arrière la représentation mentale est rapportée aux coordonnées des sensations internes.

La discussion porte essentiellement sur les modes de connaissance de cette clinique émersive de ses sensations internes. Face à la théorie de l’esprit, la théorie du corps, en s’appuyant sur les neurosciences in vivo, et ici les dessins de consciences et les verbatim en première personne, démontre que l’activation du corps vivant, dans les zones du cerveau et ses afférences sensorielles, est sensible par l’émersion par l’éveil d’une conscience qui prête attention à ce qui provient de l’intérieur.

Cette théorie du corps, même si elle ne correspond pas car invisible, au schéma corporel incorporé et actif dans l’action constitue une croyance suffisamment vraisemblable pour le sujet pour qu’il reconnaissance, dessine et nomme ses sensations internes qui correspondraient à l’action interne de son corps vivant.

Using the example of the drawings of consciousness of their internal sensations produced by the circus artists of the National Center for Circus Arts (CNAC) and the artists’ verbal descriptions of their drawings, this article explores how internal sensations produced in the living body arrive involuntarily, by emersion, in the consciousness of the lived body.

We use a double method: firstly, we asked the circus artists to draw a picture of what their consciousness represents of the functioning of internal sensations in the course of a bodily action; secondly, we asked them to recount this bodily action in order to accompany their drawings of consciousness and to put their theory of the body into words.

In this article, we present several levels of consciousness drawings, accompanied by the subjects’ written accounts corresponding to different elaborations of the theory of the body: on the one hand, the localized perception of the internal and external areas of the skin defines a chronic sensitivity. On the other hand, the subjective temporization of the different moments of bodily sensitivity demonstrates its deviation from the objective time in which the body mentalizes movement. Finally, by feeling the “space behind,” the mental representation is related to the coordinates of the internal sensations.

The discussion focuses on ways of knowing internal sensations. Faced with the theory of mind, the theory of the body, based on in vivo neuroscience, and, in our case, the drawings of consciousness and first-person accounts, demonstrates that the activation of the living body, in areas of the brain related to the senses, is sensitive to the awakening of a consciousness that pays attention to that which comes from within.

This theory of the body, even if it does not – because of its invisibility – correspond to the bodily representation that is incorporated and active at the time of an action, constitutes a belief that plausibly allows the subject to recognize, draw, and name her/his internal sensations which would correspond to the internal action of her/his living body.