Effet de l’antibiothérapie sur l’efficacité de l’immunothérapie dans le mélanome - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
Le pronostic du mélanome métastatique a été considérablement amélioré par la mise à disposition de l’immunothérapie, ciblant notamment programmed cell death 1 (PD-1) depuis juin 2015. Cependant, plusieurs études récentes suggèrent une perte d’efficacité de l’immunothérapie quand son initiation est immédiatement précédée d’une antibiothérapie. Une dysbiose intestinale induite par l’antibiothérapie limiterait l’effet de l’immunothérapie sur les cellules tumorales. Notre objectif était d’estimer l’effet de l’antibiothérapie dans le mois qui précède l’initiation d’un anti-PD-1, sur l’efficacité de l’immunothérapie, chez des patients atteints de mélanome métastatique.
Matériel et méthodes |
Nous avons reconstruit à partir de la base de données de l’Assurance-Maladie (Système National des Données de Santé) une cohorte comprenant tous les patients ayant reçu un anti-PD-1 en traitement de première ligne d’un mélanome métastatique en France entre 2015 et 2017. Nous avons estimé l’effet de l’antibiothérapie sur la survie globale et la durée de l’immunothérapie par un modèle de Cox. Les potentiels facteurs de confusion concernant les caractéristiques des patients (âge, sexe, comorbidités), du mélanome (sites de métastases, radiothérapie ou métastasectomie récentes), ont ensuite été pris en compte par une analyse multivariée. La survie globale et la durée de traitement par anti-PD-1 ont été représentés en fonction de la prise ou non d’antibiotique par une courbe de Kaplan–Meier. Des analyses de sensibilité ont fait varier la fenêtre d’exposition à l’antibiothérapie, et le type d’antibiothérapie reçue.
Résultats |
Parmi les 2605 patients ayant été traités par anti-PD-1 en première ligne, 336 (12,9 %) ont reçu un antibiotique dans le mois qui précédait. La survie était similaire chez les patients ayant reçu ou non un antibiotique dans le mois qui précédait, en analyse univariée (hazard ratio [HR], 0,97, intervalle de confiance à 95 % [IC95 %], [0,81–1,18]), ou multivariée (HR=0,91 [0,75–1,10]). La durée de traitement par anti-PD-1 était également similaire dans les 2 groupes, en analyse univariée (HR=1,01 [0,87–1,16]), ou multivariée (HR=0,99 [0,86–1,15]). Lorsque l’antibiothérapie était reçue entre 2 mois avant et 1 mois après l’initiation de l’anti-PD-1, ou lorsque seule la prise d’amoxicilline-acide clavulanique était considérée, la survie et la durée de traitement n’étaient pas non plus modifiées.
Discussion |
Ces résultats, obtenus à partir de données exhaustives nationales et sans perdu de vue, contredisent les études précédentes, d’effectif plus faible. Ils doivent inciter à la prudence avant de remettre en question la prescription d’antibiotique précédant l’initiation d’un anti-PD-1 quand ils sont nécessaires, voire de retarder l’initiation de l’immunothérapie.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Anti-PD-1, Immunothérapie, Mélanome
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A108 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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