Ceftriaxone versus benzylpénicilline pour le traitement de la neurosyphilis précoce : une étude rétrospective multicentrique française - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
La benzylpénicilline par voie intraveineuse est le « gold standard » pour le traitement de la neurosyphilis précoce mais requiert une hospitalisation prolongée de patients qui dans bien des cas pourraient être traités en ambulatoire. Les traitements alternatifs sont représentés par la ceftriaxone mais son efficacité demeure débattue et aucune étude d’envergure avec des effectifs conséquents n’a été jusque-là réalisée.
Matériel et méthodes |
Nous avons réalisé une étude rétrospective multicentrique dans 8 centres tertiaires français de 1997 à 2017. La neurosyphilis précoce comprenait les uvéites, les otosyphilis, les méningites, les vasculites cérébrales et formes parenchymateuses et les paralysies faciales. Les patients étaient classés en deux groupes en fonction du traitement reçu. Le critère de jugement principal était la réponse clinique globale (RG) un mois après l’initiation du traitement. Les critères de jugement secondaires étaient la réponse complète (RC) à 1 mois, la réponse sérologique à 6 mois et la durée d’hospitalisation. Un score de propension était réalisé.
Résultats |
Deux cent sept patients ont été inclus (ceftriaxone 42 et benzylpénicilline 165). Quarante et un RG (98 %) ont été observées dans le groupe ceftriaxone versus 125 (76 %) dans le groupe pénicilline. Après pondération par le score de propension, les deux groupes différaient selon la RG (OR 1,22 [1,12–1,33), p<10−5), mais pas selon la RC (OR 1,08 [0,94–1,24], p=0,265). La réponse sérologique ne différait pas dans les deux groupes (88 % vs 82 %, p=0,50), mais la durée d’hospitalisation était plus courte dans le groupe ceftriaxone que dans le groupe pénicilline (13,8±6,4 vs 8,9±9,9 jours, p=0,005). La réponse en sous-groupe était également homogène.
Discussion |
Cette étude suggère que la ceftriaxone est aussi efficace que la benzylpénicilline pour traiter la neurosyphilis précoce et peut réduire la durée d’hospitalisation. Plusieurs bénéfices potentiels en découlent. Tout d’abord, pour les patients allergiques à la pénicilline et sans contre-indication aux céphalosporines, la ceftriaxone pourrait représenter le traitement de première ligne. Ensuite, pour des patients prêts à un retour au domicile, la ceftriaxone permettrait de réduire la durée d’hospitalisation, et ainsi permettre de réaliser des économies et d’améliorer la qualité de vie des patients leur autorisant également la reprise de leur activité professionnelle. À l’opposé, le spectre antibactérien plus large des céphalosporines expose à un risque potentiel accru d’émergence de résistances. Nous reconnaissons les limites de l’étude, en particulier son caractère rétrospectif ainsi que le biais d’indication. Des essais prospectifs randomisés devraient être conduits pour confirmer ces résultats.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : benzylpénicilline, ceftriaxone, neurosyphilis
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A137-A138 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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