Pemphigoïdes bulleuses associées aux anti-PD-1/PDL-1 : étude nationale de 85 cas - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
Les anti-PD-1 (programmed cell death 1) et les anti-PDL-1 (programmed cell death ligand 1) ont révolutionné la prise en charge de nombreux cancers. Une soixantaine de pemphigoïdes bulleuses (PB) associées à un traitement par anti-PD-1/PDL-1 ont été décrites dans la littérature, mais leurs caractéristiques restent mal connues. Nous avons décidé de collecter les cas français et d’en décrire les caractéristiques.
Matériel et méthodes |
Étude rétrospective multicentrique nationale, incluant tous les patients traités par un anti-PD-1/PD-L1, avec une PB survenant pendant le traitement, de 2014 à 2019. Les données démographiques, cliniques et biologiques étaient collectées grâce à un questionnaire envoyé à tous les membres du Groupe Bulle et du Groupe de cancérologie cutanée.
Résultats |
Au total, 85 cas ont été observés dans 34 services de dermatologie en France. Il s’agissait principalement d’hommes (80 %). L’âge moyen était de 73 ans (50–93). Les 2 principaux anti-PD-1 étaient le nivolumab (65 %) et le pembrolizumab (27 %) et les principaux cancers primitifs un mélanome (52 %) et un cancer bronchopulmonaire (27 %). Le délai médian d’apparition de la PB était de 6 mois. Au diagnostic, 9 % des patients ne présentaient aucune bulle, 49 % moins de 10 nouvelles bulles par jour, 30 % entre 10 et 50, 6 % entre 50 et 100 et 6 % plus de 100. Une atteinte muqueuse survenait chez 38 % des patients. Seuls 3 patients (4 %) présentaient des troubles cognitifs. L’analyse histopathologique montrait une bulle sous-épidermique dans 81 % des cas, avec un infiltrat à éosinophiles dans 82 % des cas. L’immunofluorescence directe était positive dans 80 % des cas. Les anticorps anti-BP180 et anti-BP230 étaient positifs dans respectivement 61 % et 13 % des cas. Une hyperéosinophilie supérieure à 0,5G/L était présente chez 43,5 % des patients. La majorité des patients était traitée en première ligne par des dermocorticoïdes très forts (84 %), avec une évolution favorable chez 65 % d’entre eux. Concernant les 44 patients atteints d’un mélanome, la meilleure réponse tumorale était : une rémission complète pour 41 % des patients et une rémission partielle pour 29 %.
Discussion |
Il s’agit de la plus grande cohorte de PB associée à un traitement par anti-PD-1/PDL-1. Cette étude permet de définir le phénotype particulier de ces PB. En effet, elles surviennent majoritairement chez les hommes, plus tôt que dans la PB classique, et chez des patients sans trouble cognitif. Elles sont plus souvent pauci bulleuses et avec plus fréquemment une atteinte muqueuse. Parmi les patients dont l’immunothérapie a été poursuivie et un traitement par dermocorticoïdes très forts utilisé, la PB a été contrôlée dans 74 % des cas.
Conclusion |
Une pemphigoïde bulleuse doit être évoquée devant un prurit résistant ou une éruption bulleuse survenant au décours d’un traitement par antiPD-1/PDL-1, et ce traitement ne doit pas être systématiquement stoppé.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Immunothérapie, Mélanome, Pemphigoïde bulleuse
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A138-A139 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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