Caractérisation des principaux biais des associations médicament–nécrolyse épidermique : étude de pharmacovigilance à partir des données de Vigibase - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
La nécrolyse épidermique (NE, syndrome de Stevens–Johnson et nécrolyse épidermique toxique), est induite par un médicament dans 85 % des cas. Le délai d’apparition le plus classique est de 4 à 28jours. Les bases de pharmacovigilance (PV) collectent les déclarations d’effets indésirables transmises par des médecins ou non-médecins (pharmaciens, avocats, consommateurs) et permettent de générer des signaux concernant des médicaments suspects. Cependant certains biais peuvent influencer l’imputabilité du/des médicament(s) suspect(s). Notre objectif était d’identifier les classes médicamenteuses les plus sujettes à des biais.
Matériel et méthodes |
Nous avons utilisé Vigibase, la base de PV mondiale de l’OMS, en incluant les molécules suspectes de NE entre 2016 et 2020, et rapportées au moins 10 fois afin d’éviter les fluctuations d’échantillonnage. Une analyse non supervisée de type classification hiérarchique sur composante principale a été réalisée. Afin d’apprécier si un médicament pouvait être soumis à un biais, nous avons inclus les variables associées à la qualité du rapport notifiant le cas comme le délai d’apparition et le rapporteur (médecin ou non).
Résultats |
Cent cinquante-deux médicaments ont été inclus. La classification a permis d’identifier 3 classes (CL) :
– ‘CL1′ (n=41) correspondant aux médicaments préférentiellement rapportés par des médecins et associés à un délai d’apparition compatible (4–28jours), constituée de molécules à forte notoriété comme l’allopurinol et la névirapine ;
– ‘CL2′ (n=42), correspondant aux médicaments préférentiellement rapportés par des médecins et associés à un délai d’apparition<4jours, incluant des antibiotiques, des anti-inflammatoires et des analgésiques comme le paracétamol ;
– enfin ‘CL3′ (n=69), regroupant des médicaments rapportés par des non-médecins, avec un délai d’apparition fréquemment inconnu, correspondant aux anticancéreux et antiépileptiques.
Discussion |
Cette étude n’exclut pas la causalité d’un médicament mais renseigne sur les biais qui peuvent impacter l’imputabilité médicamenteuse. Les biais peuvent résulter par exemple de la qualité du rapporteur (ex : avocats ou consommateurs dans certains pays à forte pression juridique) ou du délai d’apparition, trop court ou non renseigné. La CL2 semble être soumise au biais protopathique (médicament considéré à tort comme suspect alors qu’il est donné pour les premiers signes de la maladie) compte tenu d’un délai d’apparition trop court. La CL3 semble être soumise à un biais d’information (exposition médicamenteuse ou diagnostic incertains), qui impacte la qualité des notifications. Ainsi, lors de l’analyse d’une association entre un médicament et une NE, ces biais doivent être considérés avant de conclure à un lien de causalité, pour ainsi mieux guider les contre-indications médicamenteuses.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Nécrolyse épidermique, Pharmacovigilance
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A162-A163 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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