La peau sensible est caractérisée notamment par un dysfonctionnement neurosensoriel. Or le neuromètre est un dispositif qui permet d’évaluer l’intégrité des fibres nerveuses sensorielles en induisant un stimulus électrique transcutané via des électrodes, et de mesurer le seuil de perception, appelé CPT (Current Perception Threshold). Ainsi nous avons évalué le neuromètre comme instrument de diagnostic pour les peaux sensibles.

Cent femmes âgées de 24 à 50 ans, de phototype I à III ayant tout type de peau (excepté peau grasse) ont été incluses dans cette étude exploratoire ouverte. 59 % des sujets déclaraient avoir une peau faciale sensible et 54 % étaient fumeuses. L’ensemble du panel a rempli le questionnaire BoSS (JEADV, 2018) qui évalue le fardeau des peaux sensibles. Les valeurs de CPT étaient mesurées par le neuromètre (Neurometer®) dans le territoire du nerf maxillaire trigeminal à 5Hz (activant les fibres non myélinisées C), à 250Hz (fibres myélinisées Aδ) et à 2kHz (fibres myélinisées Aβ). Pour chaque CPT, les 2 hémi-visages étaient analysés séparément afin d’obtenir un panel total de 200 pools de données. Pour chaque groupe, peau déclarée sensible (n=118) et peau déclarée non sensible (n=82), les moyennes, écart-types, médianes et valeurs extrêmes de CPT étaient calculés pour les 3 fréquences, ainsi que le delta entre celles de 250Hz et 5Hz pour un même hémi-visage, et les moyennes du score BoSS. L’analyse statistique était effectuée à l’aide des tests appropriés (tests de Student ou Wilcoxon).

La répartition des valeurs de CPT des 3 fréquences entre les deux groupes était très homogène. Toutefois le groupe déclaré non sensible a présenté le plus fréquemment des valeurs de CPT proches entre les fréquences 250Hz et 5Hz (49 % du panel) et la médiane pour ce delta est différente de la moyenne, ce qui n’est pas le cas pour le groupe déclaré sensible. Le fardeau mesuré par BoSS était bien différent entre les deux groupes (25,6 vs 14,0). Cependant les résultats n’ont pas permis de mettre en évidence d’association significative entre les valeurs obtenues grâce au neuromètre avec les scores de BoSS, ni avec le statut tabagique des sujets, quelle que soit la fréquence considérée.

Cette étude est la première utilisant le neuromètre comme instrument de diagnostic pour les peaux sensibles en lien avec le BoSS. Contrairement à ce que nous pensions initialement, dans cette étude le neuromètre n’a pas été un bon instrument de diagnostic des peaux sensibles, mais il a permis de distinguer l’absence de peau sensible.