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Prurit chronique récalcitrant et lésions eczématiformes chez une patiente de 5 ans avec mutation du TTC7A traitée avec succès par dupilumab - 26/11/20

Doi : 10.1016/j.annder.2020.09.262 
Y. Alipour Tehrany 1, , L. Marois 2, C. Colmant 3, V. Marchand 4, V. Kokta 5, J. Coulombe 3, D. Marcoux 3, E. Haddad 2, C. McCuaig 3
1 Dermatologie, CHU Sainte-Justine 
2 Immunologie 
3 Dermatologie 
4 Gastroentérologie 
5 Pathologie, CHU Sainte Justine, Montréal, Canada 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

Les mutations du Tetratricopeptide Repeat Domain 7A (TTC7A) causent un syndrome autosomique récessif combinant des atteintes digestives (atrésies intestinales multiples (AIM) et maladies inflammatoires de l’intestin) et une immunodéficience (ID). Des atteintes cutanées (ichtyose, alopécie, lésions psoriasiformes, onychodystrophies et kératodermie palmoplantaire) semblent apparaître après l’âge de 2 ans. Nous rapportons le cas d’une fillette de 5 ans porteuse de cette mutation qui a présenté des lésions eczématiformes, une xérose et un prurit chronique récalcitrant, finalement contrôlés par un traitement par dupilumab.

Observations

Une patiente avait, à la naissance, des AIM nécessitant une résection iléocæcale avec mise en place d’une gastrostomie. De multiples épisodes infectieux compliqués de septicémies ont révélé une ID combinée profonde. L’analyse génétique a confirmé la mutation du TTC7A. À 3 ans sont survenus des lésions eczématiformes excoriées, une xérose cutanée et un prurit intense. La biopsie cutanée montrait une acanthose, une spongiose et une exocytose lymphocytaire avec des foyers d’hyperorthokératose et un infiltrat dermique riche en éosinophiles. Une hyperéosinophilie à 1,7 109/L (N : 0-0,4 109/L) ainsi qu’une élévation des IgE totales à 1766 kU/l (N : 0-214 kU/l) étaient notées. Un traitement par émollient et dermocorticoïdes forts permettait une légère amélioration. Des traitements par antihistaminiques, gabapentine, mirtazapine, et amitriptyline échouaient. Un traitement par mépolizumab était tenté pendant 12 mois sans efficacité. Seule la méthylprednisolone 1mg/kg/jour permettaient un soulagement du prurit. La qualité de vie de la patiente était fortement altérée et elle présentait de multiples septicémies à point de départ cutané. Finalement, l’administration hors AMM du dupilumab résolvait les lésions eczématiformes et le prurit, permettant une diminution de la corticothérapie systémique à 0,5mg/kg tous les deux jours. Un sevrage est prévu.

Discussion

La mutation du TTC7A conduit à une activation inappropriée de la voie de signalisation Rho kinase, qui joue un rôle important dans l’adhésion, la polarisation, différentiation et l’apoptose cellulaire des cellules de l’épithélium gastro-intestinal, des kératinocytes et des lymphocytes. Ceci abouti à une dysfonction de la barrière cutanée comparable à la dermatite atopique, comme chez notre patiente. De plus, sa biopsie cutanée était évocatrice d’une réaction de type Th2. Or, l’activation de la voie Th2 déclenche l’apparition de prurit. Le dupilumab est un anticorps monoclonal anti-interleukine 4 et 13, qui a été efficace chez notre patiente pour contrôler le prurit. Notre patiente semble être le 1er cas de mutation TTC7A avec des lésions eczématiformes et un prurit chronique, traité avec succès par dupilumab.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Dupilumab, Ichtyose, Mutation TTC7A, Prurit chronique


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Vol 147 - N° 12S

P. A210 - décembre 2020 Retour au numéro
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