Une infection d’origine cutanée à Staphylococcus aureus lors de la période néo-natale peut se présenter sous diverses manifestations qui sont, pour la majorité d’entre elles, associées à des signes clinico-biologiques d’inflammation.

Un nourrisson âgé de 10jours, né à terme, était reçu aux urgences néonatalogiques devant l’apparition depuis 48h de quatre lésions nodulaires sous cutanées : une centimétrique axillaire gauche, deux millimétriques inguinales droites, et une millimétrique rétro-auriculaire. Il n’existait pas d’autres lésions cutanées mais on notait une conjonctivite gauche non purulente. Le reste de l’examen physique était normal, et l’enfant était apyrétique. Biologiquement, il n’y avait pas de syndrome inflammatoire. Le bilan immunitaire était sans particularités. Une échographie des parties molles décrivait des collections sous cutanées, sans adénopathies satellites. Le prélèvement vaginal maternel était positif à Staphylococcus aureus multisensible. Devant une évolution défavorable après 48h, l’abcès axillaire gauche a été drainé. Le prélèvement trouvait un Staphylococcus aureus d’antibiogramme identique à celui du prélèvement vaginal maternel, en faveur d’une transmission bactérienne materno-fœtale durant l’accouchement. Après drainage et antibiothérapie par amoxicilline et acide clavulanique per os, l’évolution était rapidement favorable avec guérison complète de l’ensemble des localisations. Juste au décours, nous apprenions que le test de Guthrie était en faveur d’une mucoviscidose, confirmée par le test de la sueur et le test génétique.

L’abcès froid des grands plis du nourrisson est une entité de description récente par l’équipe de dermato-pédiatrie du CHU de Bordeaux. Elle correspond à une infection néonatale à Staphylococcus aureus. Elle se présente chez un nourrisson en bon état général par l’existence d’abcès peu inflammatoires des grands plis. Ces abcès sont décrits comme « froids » devant l’absence de symptômes généraux et de syndrome inflammatoire biologique. Il paraît licite de chercher une immunodépression face à cette pathologie en raison de sa survenue précoce dans la vie, bien qu’aucun cas de déficit immunitaire n’ait été mis en évidence à ce jour dans cette pathologie. Dans cette observation, notre patiente est atteinte de mucoviscidose, ce qui pourrait être un facteur favorisant.

Nous rapportons un cas d’abcès froids des grands plis du nouveau-né en contexte de mucoviscidose. Cette entité, bien que débattue, doit pouvoir être évoquée par le dermatologue. Face à celle-ci, la recherche d’une contamination par transmission materno-fœtale et d’une immunodépression du nouveau-né s’avère intéressante, bien que d’autres observations soient nécessaires pour mieux caractériser la pathologie.