Malgré la prise en charge précoce des hémangiomes à haut potentiel évolutif par le propranolol, les complications de long terme les plus fréquentes sont les cicatrices secondaires à leur régression. Les lasers impulsionnels CO2 et Erbium ;Yag (ErYag) sont habituellement utilisés dans la correction des cicatrices sévères d’acné. Nous rapportons les résultats du traitement par laser impulsionnel de cicatrices d’hémangiome de la lèvre supérieure chez l’enfant.

Nous avons traité 9 enfants (1M/8F) âgés de 3 à 14 ans (M 8,25 ans) présentant des séquelles d’hémangiome de la lèvre supérieure. Les neuf lésions se présentaient comme des cicatrices chalazodermiques associées dans deux cas à des pertes des reliefs anatomiques (philtrum, limite lèvre rouge et blanche) résultant de nécroses cutanées. Le traitement par laser était effectué sous anesthésie générale dans 6 cas et sous anesthésie loco-régionale (bloc sous-orbitaire avec xylocaine adrénalinée à 1 %) chez trois enfants. Le laser CO2 était utilisé dans 4 cas et le laser ErYag dans 4 autres cas. Le dernier patient était traité par l’association des 2 lasers dans un même temps opératoire. Le laser CO2 ou l’ErYag en impulsions longues étaient privilégiés pour les lésions chalazodermiques alors que le laser ErYag en impulsion courte était préféré pour redéfinir les reliefs anatomiques (crêtes philtrales et délimitation lèvre rouge- lèvre blanche). La cicatrisation était obtenue en 2 à 3 semaines et une contention par hydrocolloïde était poursuivie durant 2 à 5 mois (M 3,4 mois).

À 6 mois, au terme du suivi post opératoire, le traitement permettait dans tous les cas d’obtenir une remise en tension des tissus et de redéfinir les reliefs naturels altérés. Cette amélioration était cotée sur une échelle de 0 (aspect inchangé) à 4 (excellent résultat) par 2 investigateurs indépendants à 3,6/4 de moyenne pour le « redrapage/réduction des reliefs » et à 3,4/4 pour « l’intégration de la cicatrice » dans son environnement cutané. Une discrète hypertrophie résolutive en 2 mois était observée dans deux cas.

L’utilisation des bêta bloquants à un stade précoce du processus expansif des hémangiomes a transformé le pronostic évolutif en termes de séquelles cicatricielles. Néanmoins dans certains cas de prise en charge retardée, des cicatrices délabrantes notamment au niveau du visage peuvent persister, impactant l’insertion sociale ultérieure des enfants. Notre étude souligne l’intérêt de l’utilisation des lasers impulsionnels de relissage dans la prise en charge des séquelles cicatricielles sévères d’hémangiome. Associée ou non à un acte chirurgical préalable, les lasers impulsionnels permettent une remise en tension appréciable des tissus atrophodermiques avec des suites simples lorsque la cicatrisation est conduite sous surveillance étroite spécialisée.