L’apport de la dermoscopie dans le suivi du nævus mélanocytaire congénital géant (NMCG) et le dépistage précoce du mélanome est controversé. Les aspects dermoscopiques des naevus congénitaux de taille petite à moyenne sont bien étudiés, ceux des NMCG sont peu décrits.

L’objectif de notre étude est d’étudier les structures dermoscopiques des NMCG les plus fréquentes et leur variabilité selon l’âge et la localisation. Nous avons mené une étude prospective des cas de NMCG.

Nous avons colligé 9 cas de NMCG vus pendant 9 ans (2012-2020). Il s’agissait de 6 cas pédiatriques dont 4 garçons et de 2 filles âgés de 1 mois à 4 ans (âge moyen 17mois) et de 3 adultes (2 femmes et 1 homme d’âge moyen 24 ans). Tous les patients avaient une grande plaque pigmentée infiltrée pileuse siégeant sur le dos (4 cas), segmentaire cuir chevelu (2 cas), abdomen (1 cas), cuisse (1 cas) et décolleté (1 cas). De multiples lésions pigmentées satellites dispersées sur le reste du tégument étaient notées dans 6 cas. Aucun patient n’avait de nodules de perméation. L’examen dermoscopique du NMCG a révélé un patron en pavé avec une surface écailleuse dans tous les cas et des zones homogènes bleues dans 6 cas. Ces zones homogènes bleues étaient plus nombreuses chez les patients adultes (3 adultes et 3 enfants). Les nævus satellites avaient un patron globulaire dans 4 cas pédiatriques et réticulo-globulaire chez un adulte. L’hypertrichose, l’hyperpigmentation folliculaire, l’hypopigmentation périfolliculaires étaient notées dans respectivement dans 4, 7 et 2 cas. Une pigmentation bleue homogène, des vaisseaux en clods et des grains de milium étaient notés chez un nouveau-né ayant un NMCG cartonné du dos.

La plupart des nævus géants présentent un fond homogène brunâtre avec des îlots de pigmentation plus foncés. Des structures bleu-blanc telles que des zones bleues ou un voile bleu-blanchâtre ont été décrites. D’autres résultats dermoscopiques incluent l’hypertrichose, l’hypo ou l’hyperpigmentation périfolliculaire, la pseudomilia et les structures vasculaires. Le risque accru de mélanome associé au NMCG justifie la demande d’examen dermoscopique pour dépister les changements qui refléteraient une transformation maligne. Le mélanome peut survenir dans la lésion GCMN ou ailleurs. Aucun de nos patients n’a présenté de mélanome. Le monitoring de ces lésions est difficile vu que la plupart se développent dans le derme profond. La variation du patron selon la localisation (globulaire au niveau de la région céphalique et le tronc et réticulaire aux membres) n’a pas été trouvé chez nos patients. La variation selon l’âge semble être une plus grande fréquence des zones bleues (localisation dermique des nævocytes) et du patron réticulaire chez les adultes.