Scorbut révélé par un sclérœdème ecchymotique de jambe : 5 observations - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
Le scorbut est la manifestation clinique de la carence en vitamine C. Les signes cutanés sont au premier plan et le dermatologue joue un rôle primordial dans le diagnostic.
Observations Nous rapportons le cas de 5 patients, le ratio H/F était de 4/1, l’âge médian (q1 ; q3) de 55 ans (44 ; 57). Tous présentaient un alcoolisme chronique et 2/5 avaient des antécédents psychiatriques. L’aspect clinique était similaire, à type d’œdème unilatéral de jambe, scléreux, chaud, douloureux et ecchymotique et évoluait de manière subaiguë depuis 2 mois. L’examen attentif montrait un purpura et une hyperkératose périfolliculaire ainsi que des poils en tire-bouchon. En reprenant l’interrogatoire, l’enquête alimentaire révélait l’absence de consommation de fruits et légumes et une carence en apport protidique. Un patient présentait une hypertrophie gingivale mais tous avaient un mauvais état bucco-dentaire. La biopsie cutanée réalisée chez 2 patients n’était pas spécifique. L’échographie doppler des membres inférieurs (4/5) ne mettait pas en évidence de thrombose veineuse. Tous les patients présentaient des carences vitaminiques [B9 (5/5), B12 (1/5), K (1/5)], une dénutrition sévère et une anémie. Le syndrome inflammatoire était constant et 4 patients avaient des troubles de l’hémostase [D-Dimères élevées (2/5), TCA allongé (2/5), TP bas (1/5)]. L’évolution clinique, connue chez 4 patients, était rapidement favorable après une supplémentation en vitamine C (1g/j pendant 1 mois), associée à une régression du syndrome inflammatoire. L’aspect scléreux de la jambe persistait pour 2 patients.
Discussion |
L’acide ascorbique joue un rôle dans l’absorption du fer et la synthèse du collagène par hydroxylation de la proline et de la lysine. Un déficit provoque une fragilité des petits vaisseaux et des troubles de la cicatrisation, expliquant les signes cliniques classiques du scorbut (purpura périfolliculaire, ecchymoses). Une carence chronique en vitamine C pourrait provoquer de minimes hémorragies répétées avec extravasation d’hémosidérine dans les tissus sous-cutanés. Celle-ci, en stimulant la prolifération fibroblastique, induirait la sclérose cutanée. Les symptômes se manifestent après 3 mois de privation alimentaire et la confirmation diagnostique repose sur le dosage sanguin du taux de vitamine C qui est effondré (<10μmol/L). Cette présentation clinique à type de sclérœdème est méconnue et semble rare, il s’agit de la plus grande série rapportée dans la littérature. Parfois initialement confondue avec une dermohypodermite aiguë bactérienne, elle doit également faire évoquer le diagnostic de sclérodermie linéaire, de facilite à éosinophiles ou d’acrodermatite chronique atrophiante. Il semblerait que l’aspect scléreux puisse persister malgré une supplémentation bien conduite. En conclusion, nous rapportons 5 cas de scorbut révélés par un œdème sclérodermiforme et ecchymotique de jambe.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Sclérœdème, Scorbut
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A246 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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