Phacomatose pigmento-vasculaire compliquée de mélanome muté GNAQ : deux cas et revue de la littérature - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
La phacomatose pigmento-vasculaire (PPV) correspond à un mosaïcisme en lien avec une mutation activatrice de GNA11 ou GNAQ et associe une lésion vasculaire et un trouble pigmentaire, le plus souvent une mélanocytose dermique (nævus d’Ota ou nævus bleu). La survenue de mélanome chez ces patients est une complication rare, décrite pour la première fois en 2005, avec seulement 14 cas rapportés dans la littérature, tous étant des mélanomes uvéaux.
Observations |
Nous rapportons deux cas de patientes atteintes de PPV cesioflammea (II) et ayant développé un mélanome. La première est une femme de 70 ans avec un mélanome uvéal apparu sur nævus d’Ota, et la deuxième une femme de 55 ans ayant développé un mélanome cutané non uvéal apparaissant sur un très large nævus bleu cellulaire. Des analyses génétiques ont permis d’identifier la présence d’un mosaïcisme somatique avec mutation GNAQ dans ces deux mélanomes : p.R183Q au niveau du mélanome uvéal (patiente 1), et p.Q209P au niveau du mélanome cutané (patiente 2). Ce dernier présentait aussi une mutation p.R625H au niveau du gène SF3B1. La même mutation GNAQ était retrouvée de façon concomitante dans les lésions vasculaires et pigmentaires bénignes de PPV et le mélanome, à des pourcentages de mosaïcisme variés.
Discussion |
Les mutations de GNAQ sont le plus fréquemment rapportées dans les mélanomes uvéaux et les nævus bleus et sont connues pour activer les voies de signalisation favorisant l’oncogenèse, dont la voie des MAP kinases. Ces mutations GNAQ ont aussi été décrites dans des conditions bénignes « sans lien apparent », telles que les angiomes plans non syndromiques, les nævus bleus et la mélanocytose oculaire. Une étude récente a identifié une mutation GNAQ unique affectant simultanément les lésions vasculaires et pigmentées chez des patients atteints de PPV confirmant le mosaïcisme somatique dans cette pathologie. Ainsi, on peut émettre l’hypothèse qu’une mutation somatique post-zygotique affecte un précurseur neuro-ectodermique commun aux différentes lésions. Nous démontrons pour la première fois la présence d’une mutation GNAQ unique non seulement au niveau des malformations bénignes de la PPV mais aussi du mélanome chez la même patiente. Le risque de développer un mélanome muté GNAQ dans un contexte de PPV reste néanmoins extrêmement faible avec seulement 14 cas rapportés dans la littérature.
Conclusion |
Un mosaïcisme somatique GNAQ ou GNA11 est à l’origine des lésions observées dans la PPV. Le risque bien que très faible de développer un mélanome pose la question d’un suivi dermatologique et ophtalmologique régulier chez ces patients.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Mélanome, Mosaïcisme génétique, Phacomatose pigmento-vasculaire
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A260-A261 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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