Traitement par naltrexone dans la maladie de Hailey–Hailey : quelle est la bonne dose ? - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
La maladie de Hailey–Hailey (MHH) est une génodermatose rare qui se manifeste à l’âge adulte par un intertrigo érosif des grands plis évoluant par poussées dont la prise en charge est mal codifiée. L’efficacité de la naltrexone est suggérée dans quelques publications, mais la dose optimale reste sujette à discussion.
Observations |
Une patiente de 52 ans présentant une MHH depuis 20 ans était hospitalisée pour une poussée hyperalgique disséminée résistant à l’association propionate de clobétasol 1 % topique et cloxacilline. La patiente pesait 65kg et la naltrexone était introduite à 12,5mg/j. On observait une amélioration franche des lésions après 8jours et une rémission complète en 6 semaines avec une tolérance satisfaisante.
Une seconde patiente de 36 ans était hospitalisée pour une poussée sévère de MHH malgré un traitement par propionate de clobétasol 1 % et 20mg/semaine de méthotrexate introduit 2 mois plus tôt. La patiente pesait 112kg ; les lésions atteignaient 15 % de la surface corporelle et étaient surinfectées. Après 14jours d’introduction de 12,5mg/j de naltrexone, les plaques, qui ne s’étaient pas améliorées sous Augmentin®, commençaient à cicatriser. Trois mois plus tard, elle était toujours en rémission complète sans aucun effet secondaire.
Discussion |
Plusieurs équipes ont rapporté l’efficacité de petites doses (low dose LD) de naltrexone dans la MHH dans des « case reports » très hétérogènes en fonction des doses utilisées et de la qualité de la réponse. Les doses utilisées dans la MHH sont habituellement comprises entre 1,5 et 4,5mg par jour (Antaxone® sirop disponible en ATU), tandis que la dose à visée anti-opioïde est comprise entre 50 et 100mg. Les LD sont connues pour avoir un effet antalgique et anti-inflammatoire. En effet, les LD ne saturent qu’une partie des récepteurs aux opioïdes entraînant paradoxalement la synthèse de nouveaux récepteurs et la sécrétion d’endorphine. De plus, la naltrexone antagonise les Toll-like récepteurs 4 inhibant la production de cytokines pro-inflammatoires. Dans la plupart des cas rapportés, la dose standard de 50mg ne permet pas une amélioration aussi importante que des LD. Cependant, des observations plus récentes suggèrent qu’une dose plus élevée (12,5mg voir 50mg) pourrait, en relation avec la sévérité de l’atteinte cutanée, être plus efficace. La dose intermédiaire, contrairement à une dose standard anti-opioïde, ne semble pas générer plus d’effets indésirables et permet une prescription plus facile, les comprimés de 50mg étant sécables. Il s’agit cependant d’un traitement suspensif et la rechute à l’arrêt reste généralement la règle, la reprise permettant le plus souvent une nouvelle réponse.
Nos observations et celles de la littérature suggèrent l’intérêt de la naltrexone dans la MHH, mais des essais contrôlés avec des doses faibles, intermédiaires et classiques sont indispensables pour en démontrer l’efficacité et la tolérance.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Maladie de Hailey–Hailey, Naltrexone
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A272 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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