Lentigines et maladie de Peutz–Jeghers - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
Les lentiginoses sont définies par la présence de lentigines (macules hyperpigmentées homogènes de petite taille) en nombre augmenté ou de distribution particulière. Elles correspondent histologiquement à l’accumulation de mélanine dans la couche basale associée à une hypermélanocytose épidermique sans thèques. Elles se retrouvent dans plusieurs maladies d’origine génétique et sont alors dites systémiques.
Observations |
Trois enfants (2F/1M), d’âge moyen de 12 ans, consultaient pour un tableau complexe associant une lentiginose orale profuse, un antécédent de retard de croissance intra utérine (RCIU), un retard de développement psychomoteur et une dysmorphie. Les autres anomalies rapportées de façon inconstante étaient une surdité, des anomalies squelettiques en particulier des extrémités, des anomalies cardiaques et une épilepsie. L’analyse chromosomique sur puce à ADN (ACPA) mettait en évidence des délétions de 357,3kb à 1,1 Mb de la région 19p13.3. Elles emportaient de 11 à 38 gènes dont le gène STK11. Ces remaniements ont été confirmés par hybridation in situ fluorescente.
Discussion |
Le syndrome de Peutz–Jeghers (SPJ) est une maladie autosomique dominante rare par mutation du gène suppresseur de tumeur STK11/LKB1. Il est caractérisé par l’association d’une lentiginose cutanéomuqueuse, une polypose gastro-intestinale et un sur-risque de néoplasie, notamment digestive. L’atteinte dermatologique est précoce et permet souvent d’évoquer le diagnostic. Cependant, l’association à d’autres signes, tels qu’un RCIU ou un retard psychomoteur, n’est pas classique et doit faire chercher de principe une délétion chromosomique. Ceci est d’autant plus important qu’une grande délétion chromosomique peut mettre en défaut un séquençage direct du gène.
Dans la littérature, 6 cas de délétion 19p13.3 emportant le gène STK11 ont été rapportés. Le tableau clinique est évocateur associant RCIU, tableau de SPJ avec lentiginose et polypose gastro-intestinale (n=3), retard de développement avec déficit intellectuel et dysmorphie (front large, sourcils larges, visage long, menton pointu, lèvres fines, philtrum lisse et columelle basse). L’atteinte neurologique pourrait être en lien avec la délétion concomitante d’autres gènes, tels que ATP5D, MIDN ou EFNA2, qui sont impliqués dans le développement du système nerveux.
Étaient également fréquemment trouvés retards de croissance, surdité, troubles visuels, malformations cardiaques, fentes palatines, épilepsies, scolioses, malformations des extrémités, hypotonies, hyperlaxité ligamentaire et hernies, là encore probablement en rapport avec l’atteinte d’autres gènes présents dans les délétions.
Il serait recommandé de prescrire l’ACPA devant un phénotype de SPJ notamment syndromique en première intention afin de ne pas méconnaître une délétion, qui peut passer inaperçue avec les techniques de séquençage classiques.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Lentiginose, Syndrome de Peutz–Jeghers
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A275 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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