Lymphome T anaplasique à grandes cellules primitivement cutané développé sous nivolumab - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
Les inhibiteurs de Programmed Death-1 (PD-1) ont révolutionné le traitement du cancer, au prix d’un nouveau type d’effets indésirables (EI) liés à l’activation des lymphocytes T. Ces EI sont classiquement auto-immuns, mais des cas de lymphopathies T malignes développées ou aggravées sous anti-PD-1 ont été décrits.
Observations |
Un patient de 79 ans était traité par nivolumab (nivo) depuis 2 ans pour un carcinome broncho-pulmonaire, en réponse partielle stable. Il consultait pour un placard érythémateux nodulaire et ulcéré engainant l’avant-bras droit, qui évoluait depuis 1 mois. Le patient était en bon état général, sans adénomégalies ni hépato-splénomégalie. La biopsie cutanée était en faveur d’un lymphome T anaplasique à grandes cellules (LAGC) CD30+, ALK−, PD-1−, PD-L1− Le TEP-scanner révélait une hyperfixation diffuse superficielle de tout l’avant-bras droit, sans extension à distance. Le nivo était poursuivi pour le carcinome pulmonaire, et du méthotrexate (MTX) 20mg/sem était introduit pour traiter le LAGC, permettant une réponse clinique quasi complète. Six mois après, le LAGC récidivait, justifiant l’arrêt du MTX et 3 cures de mini-COEP (cyclophosphamide–vincristine–étoposide–prednisone) avec radiothérapie concomitante (40Gy en 20fractions). Avec 6 mois de recul, le LAGC était en réponse complète et le carcinome pulmonaire n’avait pas récidivé avec la poursuite du nivo.
Discussion |
Un seul cas de LAGC ALK− primitivement cutané aggravé sous anti-PD1 (nivo), chez un patient traité pour un mélanome métastatique, a été préalablement rapporté. Le LAGC était traité par brentuximab, résultant en un contrôle du lymphome mais une progression du mélanome puis au décès malgré la poursuite du nivo. Chez notre patient, la radio-chimiothérapie faible dose a permis une réponse complète du LAGC, sans impacter l’immunité anti-tumorale activée par le nivo contre le cancer pulmonaire.
Dans les lymphomes T, les données d’efficacité des anti-PD1 sont peu nombreuses et contradictoires. Les anti-PD1 ont montré une efficacité partielle dans des études de phase I/II sur différents types de lymphomes T, mais des cas d’apparition ou d’aggravation de leucémies/lymphomes T de l’adulte ou de syndrome de Sézary ont été rapportés. Le ciblage des récepteurs PD-1/PD-L1 dans les lymphomes T serait problématique car ces récepteurs peuvent être exprimés par les cellules tumorales elles-mêmes et agir comme des suppresseurs de tumeurs. Dans notre cas, leur négativité va à l’encontre de cette hypothèse et illustre la complexité du micro-environnement tumoral de ces lymphomes. Ainsi, des lymphomes T peuvent se développer sous anti-PD1, et la difficulté de leur prise en charge réside dans la balance à instaurer entre l’inhibition des lymphocytes tumoraux et le maintien d’une immunité anti-tumorale efficace nécessaire au traitement de la néoplasie initiale.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Anti-PD1, Lymphome T anaplasique cutané à grandes cellules, Lymphoprolifération CD30
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A278 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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