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Taux bas de créatinine sérique et sévérité de la polyarthrite rhumatoïde : quelles corrélations ? - 30/11/20

Doi : 10.1016/j.rhum.2020.10.224 
N. Cherkaoui , L. Habibi, I. Elbouchti
 Service de rhumatologie, CHU Mohammed VI, Marrakech, Maroc 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La créatinine sérique est un catabolite normal du métabolisme musculaire. Bien que marqueur imparfait du débit de filtration glomérulaire (DFG), le dosage de la créatinine sérique constitue le mode d’évaluation le plus répandu de la fonction rénale. Au cours de la polyarthrite rhumatoïde (PR), la fonction rénale est habituellement non altérée en dehors de certaines complications assez rares. Cependant, l’inflammation chronique et la sarcopénie sont les dénominateurs communs d’un état d’hypercatabolisme pouvant potentiellement se traduire par une baisse et non pas une élévation de la créatinine sérique. Quant est-il alors des paramètres de la maladie associés à cette baisse ? La créatinine servirait-elle de marqueur potentiel de sévérité et de réponse thérapeutique au cours de ce rhumatisme inflammatoire ?

Patients et méthodes

C’est une étude rétrospective descriptive et analytique concernant 168 cas de PR colligés sur une période de 5 ans (2014 à 2019). Tous les patients répondent aux critères de diagnostic de l’ACR 2010. Le dosage de la créatinine sérique s’est fait de façon standardisée par méthode enzymatique. Sont considérés comme bas des taux de créatinine<4mg/L.

Résultats

L’âge moyen des patients était de 48,6(20–83), 91,7 % des patients étaient de sexe féminin. La polyarthrite chronique était le mode de révélation le plus fréquent (95,2 %) elle était déformante dans 60,1 % des cas. De ces cas, 85,7 % avaient une atteinte structurale, 38,7 % % avaient une atteinte extra-articulaire, 72 % des PR étaient immunopositives pour les ACPA et 62,5 % était immunopositives pour le FR. Le DAS28 moyen était de 5,38(1,37–8,68) ; 10,5 % avaient des taux bas de créatinine sérique. Parmi les patients, 88,4 % ont reçu au moins un CsDmard et 88,1 % une corticothérapie. Le recours aux biologiques fut nécessaire chez 28,6 % des cas. En analyse multivariée, des taux bas de créatinine sérique (<4mg/L) étaient corrélés de façon significative avec l’existence d’une atteinte structurale ainsi qu’une forte activité de la maladie, et le recours aux biologiques (p<0,005). Il n’y avait pas de lien statistiquement significatif entre l’IMC bas et le taux de créatinine.

Discussion

Des taux bas de créatinine sérique au cours de polyarthrite rhumatoïde sont le reflet d’un état d’hypercatabolisme et de fonte musculaire. Véritable « cachexie rhumatoïde » dont souffrent les patients exposés à un état inflammatoire chronique ce qui pourrait résulter en une diminution de la fonction physique et d’une altération globale de la qualité de vie. Au-delà de l’aspect fonctionnel, un taux bas de créatinine peut être le reflet d’un contrôle sub-optimal de l’activité inflammatoire de la polyarthrite rhumatoïde faisant le lit d’une progression structurale plus rapide et d’une sévérité accrue de la maladie. Dans notre étude, nous avons trouvé en analyse multivariée que des taux bas de créatinine sérique(<4mg/L) étaient corrélés de façon significative avec une forte activité de la maladie, une atteinte structurale, et le recours à un traitement biologique (p<0,0005).

Conclusion

Un taux bas de créatinine sérique est associé à une forte activité de la maladie, à la progression structurale et au recours au traitements biologiques, et de ce fait pourrait être potentiellement considéré comme facteur pronostique prédictif de sévérité au cours de la polyarthrite rhumatoïde.

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Vol 87 - N° S1

P. A129-A130 - décembre 2020 Retour au numéro
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