Le catastrophisme est une réponse cognitive et affective négative à un stimulus anxiogène comme la douleur. Le catastrophisme joue un rôle dans l’amplification et le maintien des douleurs chroniques. L’objectif de cette étude était d’évaluer la prévalence du catastrophisme dans la spondyloarthrite axiale (SA) et le rhumatisme psoriasique (RPso), ainsi que les facteurs associés au catastrophisme dans ces deux pathologies.

Étude observationnelle prospective bicentrique de patients suivis pour une SA ou un RPso sur 1 an. Ont été analysées les données à l’inclusion. Des données sociodémographiques, sur les traitements, la pathologie, cliniques (Échelle Visuelle Analogique [EVA] douleur, EVA globale patient et rhumatologue, nombre d’articulations douloureuses et gonflées) et biologiques (CRP, vitesse de sédimentation) étaient recueillies. Le patient remplissait ensuite des auto-questionnaires sur l’activité de la maladie (BASDAI), le catastrophisme (PCS), le coping (CSQ), la qualité de vie (Sf12, EQ5D), le handicap fonctionnel (BASFI, HAQ), le dépistage de la fibromyalgie (FiRST), l’anxiété et la dépression (HADS, GAD7) ainsi que l’insomnie (ISI). Les analyses statistiques comprenaient des tests de Fisher, Chi², Wilcoxon, Student, ANOVA, calcul de coefficients de corrélation pour les analyses univariées et des régressions linéaires et logistiques pour les analyses multivariées.

En tout, 253 patients ont été inclus (168 SA, 85 RPso). La prévalence d’un score de catastrophisme élevé (PCS≥20) était de 45,6 % [IC95 % : 39,5 ; 51,8] au total : 45,5 % [38,0 ; 53,1] dans la SA et 45,9 % [35,3 ; 56,5] dans le RPso. Le PCS médian était de 18 (Q1–Q3 : 6–18) dans la population globale. Il était de 18 (7–27) dans la SA et de 16 (6–29) dans le RPso. En multivarié, le catastrophisme était significativement associé à l’anxiété, la dépression et à l’activité de la maladie dans la SA et à l’anxiété, une qualité de vie plus basse et la douleur dans le RPso.

Il existe très peu de données sur le catastrophisme dans la spondyloarthrite axiale (SA) et aucune dans le rhumatisme psoriasique (RPso). Notre étude est la première à évaluer dans une cohorte significative, la prévalence du catastrophisme dans la SA quel que soit le traitement reçu, et la première à évaluer la prévalence du catastrophisme dans le RPso. Il est intéressant de noter que même en cas de faible activité de la maladie, on retrouvait environ 16 % de patients avec un catastrophisme élevé. Ces résultats permettent déjà d’appréhender l’importance du catastrophisme chez nos patients souffrant de SA et de RPso. Il pourrait être pertinent de détecter le catastrophisme chez nos patients souffrant de rhumatisme inflammatoire pour proposer une prise en charge appropriée. Le dépistage du catastrophisme chez les patients souffrant de spondyloarthrite serait particulièrement intéressant dans la mesure où l’activité de la maladie est essentiellement évaluée à travers des paramètres subjectifs, potentiellement influencés par des scores élevés de catastrophisme. Le dépistage et la prise en charge du catastrophisme chez des patients chez qui la rémission est difficile à obtenir pourraient permettre dans certains cas d’éviter une escalade thérapeutique inutile et de privilégier d’autres types de prise en charge.

Près de la moitié des patients avec une SA ou un RPso ont des hauts scores de catastrophisme, avec une association nette à différents paramètres rendant pertinent sa détection et sa prise en charge.