La forme polyarticulaire du rhumatisme psoriasique (RPso) peut mimer une authentique PR débutante a fortiori lorsque l’atteinte cutanée fait défaut. En l’absence de marqueurs immunologiques spécifiques, le diagnostic différentiel entre ces deux pathologies peut s’avérer difficile. L’hypothèse d’une atteinte précoce des structures extrasynoviales au cours du RPso a été suggérée. En effet, plusieurs études échographiques ont montré la spécificité de certaines lésions telles que l’enthésite des extenseurs des doigts, la tendinite des extenseurs des doigts et l’œdème des tissus mous pour le diagnostic de RPso. L’objectif de cette étude était de déterminer l’intérêt de l’échographie des mains dans le diagnostic différentiel entre RPso et PR en comparant la fréquence de ces lésions élémentaires dans les 2 groupes.

Il s’agissait d’une étude transversale incluant des patients suivis pour un RPso dans sa forme périphérique répondant aux critères CASPAR et des patients suivis pour une PR répondant aux critères ACR/EULAR 2010. Une évaluation clinicobiologique le jour de l’inclusion a été effectuée chez tous les patients. Dans un second temps, une échographie des mains a été pratiquée par un même rhumatologue expérimenté en échographie ostéoarticulaire et en aveugle des données cliniques. L’appareil utilisé était de type Esaote MyLab 60 avec une sonde de balayage linéaire de 6–18MHz. Toutes les articulations métacarpophalangiennes (MCP), interphalangiennes proximales (IPP), interphalangiennes distales (IPD) et les poignets ont été examinés de façon systématique et bilatérale en mode B puis en mode Doppler puissance à la recherche des lésions élémentaires suivantes : une synovite à la face dorsale de toutes les articulations, une enthésite des extenseurs des doigts à la face dorsale des IPD, une tendinite des extenseurs des doigts à la face dorsale des MCP et un œdème des tissus mous à la face palmaire des doigts. Au niveau de chaque site examiné, un score binaire (0=absente, 1=présente) a été attribué à toutes les lésions évaluées. Le seuil de signification « p » était fixé à 0,05.

Six cent articulations chez 20 patients RPso (13 femmes et 7 hommes) avec un âge moyen de 55,5±12,1 ans [33–77] et 900 articulations chez 30 patients PR (25 femmes et 5 hommes) avec un âge moyen de 55,1±11,1 ans [26–69] ont été évaluées. L’étude échographique a montré que l’enthésite des extenseurs des doigts était significativement plus fréquente dans le groupe RPso en comparaison avec le groupe PR (39,4 % vs 26,3 %, p=0,006) avec un nombre significativement plus important d’enthésophytes et de calcifications dans le groupe RPso (p=0,022 et p=0,002 respectivement). Aucun signal Doppler n’a été détecté au niveau des enthèses évaluées. Aux MCP, la tendinite des extenseurs des doigts était observée dans 13 % des articulations dans le groupe RPso versus 3 % dans le groupe PR avec une différence statistiquement significative (p=0,000). L’œdème des tissus mous était exclusivement observé chez les patients RPso (1,5 % vs 0 %, p=0,033). Le nombre total de synovites était plus important dans le groupe PR avec une différence statistiquement significative en mode Doppler (9,2 % vs 5 %, p=0,002).

L’échographie des mains semble être utile dans le diagnostic différentiel entre RPso et PR. La mise en évidence de ces lésions extra-synoviales oriente vers le diagnostic de RPso.