Un haut niveau d’exposition aux œstrogènes au cours de la vie est inversement associé au risque de développer une polyarthrite rhumatoïde après la ménopause chez les femmes de la cohorte française E3 N - 30/11/20
Résumé |
Introduction |
L’implication des hormones féminines endogènes et exogènes sur le risque de développer une polyarthrite rhumatoïde (PR) est vraisemblable au vu de taux d’incidence plus élevés chez la femme que chez l’homme, de l’augmentation des incidences en post-partum et après la ménopause. Cependant les données de la littérature concernant l’association entre facteurs de reproduction (analysés individuellement) et PR sont discordantes. Notre objectif était d’évaluer l’association entre les durées et niveaux d’expositions hormonales, tout au long de la vie d’une femme, et le risque de PR.
Patients et méthodes |
La cohorte française E3N (« Étude Epidémiologique auprès de femmes de la Mutuelle Générale de l’Education Nationale ») a inclus 98 995 femmes, suivies prospectivement depuis 1990 à l’aide de questionnaires portant sur leurs données démographiques, leur mode de vie, et leurs données de santé. Parmi elles, 698 ont développées une PR incidentes dont le diagnostic a été validées par une étude spécifique [1 ]. L’âge à la ménarche, l’âge à la ménopause, les durées cumulées des traitements hormonaux (contraception orale [CO] et traitement hormonal de la ménopause [THM]) et de l’allaitement, le nombre de grossesses ont été collectés régulièrement cours du suivi.
Les expositions aux hormones féminines étaient définies comme suit :
– La durée de vie fertile=nombre d’années entre la ménarche et la ménopause ;
– Le nombre total d’années d’ovulation (variable dépendante du temps)=durée de vie fertile–(nombre de grossesses menées à terme x 0,75+nombre de fausses-couches x 0,25+durée totale de l’allaitement+durée totale de la CO) ;
– La durée totale de l’exposition hormonale endogène et exogène (en années, dépendant du temps)=durée de vie fertile+durée totale du THM ;
– Le score composite d’exposition aux œstrogènes (CES) variant de 0 à 5 : calculé en assignant 1 point pour ménarche précoce (≤10 ans), parité élevée (>3 grossesses), antécédent d’hystérectomie, la prise de traitement hormonaux (CO et/ou THM) et/ou ménopause tardive (≥53 ans).
Les Hazard Ratios (HRs) et leurs intervalles de confiance à 95 % (IC95 %) ont été estimés par des modèles de Cox, avec l’âge en échelle de temps. Les modèles ont été ajustés sur l’âge (modèle 1) puis multi-ajustés sur le tabagisme actif, le tabagisme passif, le niveau d’étude, l’indice de masse corporelle et certains facteurs de reproduction (modèle 2).
Résultats |
Parmi 78391 femmes ménopausées, 637 PR sont survenues, pour un total de 1 864,915 femmes-années. Quel que soit le modèle, la durée de vie fertile, le nombre total d’années d’ovulation et la durée totale d’exposition hormonale n’étaient pas significativement associés au risque de PR (p de tendance : p=0,25, p=0,43, p=0,92, respectivement [modèle 1]). Dans le modèle multi-ajusté (modèle 2), un niveau élevé d’exposition aux œstrogènes (CES=3-5) était inversement associé au risque de PR : HR=0,65 (IC95 0,4–0,9), p=0,04, comparativement au niveau faible (CES=0-1). Dans une publication récente, un niveau élevé d’exposition aux œstrogènes était également associé à une diminution du risque de syndrome de Sjögren primaire [2 ].
Conclusion |
Dans la cohorte E3N, un niveau d’exposition élevé aux œstrogènes au cours de la vie est associé à une diminution du risque de PR après la ménopause.
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Vol 87 - N° S1
P. A24-A25 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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