L’échographie des glandes salivaires a une grande spécificité pour le diagnostic du syndrome de Sjögren et pourrait éviter la biopsie des glandes salivaires chez deux tiers des patients - 30/11/20
Résumé |
Introduction |
Évaluer l’intérêt de l’échographie des glandes salivaires (SGUS) et sa place dans l’algorithme diagnostique chez des patients adressés avec un syndrome sec (SdS) pour une suspicion de syndrome de Gougerot Sjögren (SS).
Patients et méthodes |
Dans cette étude monocentrique rétrospective réalisée dans un centre tertiaire, nous avons inclus tous les patients porteurs d’un SdS évalués à notre hôpital de jour SdS de juin 2015 à septembre 2019 pour lesquels une SGUS a été réalisée. L’évaluation comprenait par ailleurs un examen clinique, biologique et une biopsie des glandes salivaires accessoires (BGSA). Le diagnostic de SS primitif ou associé a été effectué selon les critères ACR/EULAR 2016. Deux échographistes ont été formés à la lecture des images des glandes salivaires selon la classification OMERACT et les images ont été lues en aveugle. Elles ont été notées selon la classification OMERACT. Cependant, afin de différencier le stade de la fibrose, un 4e grade correspondant a été ajouté, noté 3F. Les images ont été notées de 0 à 3F par chaque échographiste. En cas de désaccord (à l’exception de la note 0-1), les images étaient discutées. Nous avons recueilli des informations sur les caractéristiques cliniques, les paramètres d’activité de la maladie et les traitements.
Résultats |
337 patients ont été vus de juin 2015 à septembre 2019. 269 patients ont réalisé une SGUS. 77 patients ont eu un diagnostic de SS (75 primaires et 2 secondaires) et 192 ne répondaient pas aux critères ACR/EULAR de SS (regroupés sous le terme de syndrome sec non Sjögren (SSNS)). Parmi ces 192 patients, 60 présentaient une autre cause possible de syndrome sec et 132 patients ont eu un diagnostic de SAPS (sicca, asthenia, polyalgia syndrome) proche de la fibromyalgie. Nous avons retrouvé une utilisation inférieure de traitements asséchants (17 % vs 32 %, p=0,02), une fréquence supérieure de parotidite (34 % vs 10 %, p<0,0001) et de positivité immunologique (FAN 78 % vs 35 %, p<0,0001 ; SSA 65 % vs 2 %, p<0,0001) chez les patients SS comparativement aux patients SSNS. Concernant l’échographie, le coefficient de concordance entre les relecteurs était de 81 %. La fréquence des anomalies à la SGUS était significativement supérieure chez les patients SS par rapport aux patients SSNS : 51 % vs 8 % pour un score ≥2 (p<0,0001), et 43 % vs 3 % pour un score ≥3 (p<0,0001). Un score ≥2 à la SGUS avait une spécificité (Sp) de 91 %, une sensibilité (Se) de 57 %, une valeur prédictive positive (VPP) de 72 % et négative (VPN) de 82 %. Nous avons réalisé des courbes ROC : la réalisation d’une SGUS couplée à la recherche de SSA (AUC 0,85) ou à la réalisation d’une BGSA (AUC 0,86) était non inférieure à la réalisation isolée de SSA (AUC 0,82) ou d’une BGSA (AUC 0,85). Les caractéristiques de la SGUS chez les patients SSA-, patients nécessitant la réalisation d’une BGSA pour le diagnostic, étaient similaires (Se 42 %, Sp 91 %, VPP 42 %, VPN 92 %). Ainsi, les valeurs élevées de la spécificité et de la VPN dans cette population (91 % et 92 %, respectivement) pourraient permettre de surseoir à la BGSA chez ces patients SSA- avec une échographie normale. Ils représentent 186 patients de notre population totale (69 %).
Conclusion |
Un score SGUS ≥2 a une spécificité de 91 % pour le diagnostic de SS dans notre large population tout venant de patients avec syndrome sec. En cas de négativité des SSA, une SGUS normale a une excellente VPN, ce qui permettrait d’éviter la BGSA chez deux tiers des patients.
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☆ | Ce travail est dédié à la mémoire du Dr Gilles Gailly. |
Vol 87 - N° S1
P. A41 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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