L’intersexuation, aujourd’hui désignée comme variation par rapport à la norme de la binarité des sexes, soulève de nombreux défis pour le droit, la médecine mais aussi pour la psychanalyse.

Notre contribution vise à montrer que, quel que soit le domaine qui s’en saisit, elle vient révéler, d’une part, le poids de la norme bisexuée sur l’organisation de la société et de ce qui y prend place et, d’autre part, la puissance du mouvement de maintien de cette norme, coûte que coûte. Guidée par la psychanalyse, cette contribution vise à soutenir l’hypothèse que cette entreprise de maintien de la norme sert la sauvegarde d’une théorie sexuelle infantile qui agit jusqu’au cœur de la théorie psychanalytique de la différence des sexes.

À partir d’une lecture attentive aux mouvements psychiques de son auteur repérables dans la construction de la théorie freudienne, nous montrerons que l’intersexuation vient y mettre en crise la centralité de la différence des sexes. Tenant comme guide méthodologique les outils et concepts psychanalytiques dont la centralité, non pas de la différence des sexes, mais du Sexual pulsionnel, l’enjeu sera alors d’envisager un modèle théorique pour penser la clinique de l’intersexuation qui ne se heurte pas aux limites imposées par la normativité de la binarité de la différence des sexes.

Par l’intégration du genre dans la théorie psychanalytique dans un modèle soutenant la primauté de la dimension intersubjective dans la genèse de l’organisation psychique, la théorie de l’assignation du genre de Jean Laplanche se pose comme modèle qui se dégage du déterminisme anatomique.

Si la conception laplanchienne permet de soutenir l’importance des relations précoces et le doute fondamental dans lequel elles s’enracinent pour distinguer ce qui nous appelons la singularité de l’expérience intersubjective de l’intersexuation, elle pourrait également constituer une perspective féconde pour le travail clinique en dégageant la voie de la subjectivation de l’encombrant déterminisme anatomique.

Intersexualiton, now referred to as a variation from the norm of the binary of the sexes, raises many challenges for law, medicine, but also for psychoanalysis.

Our contribution aims to show that, whatever the field which takes up it, it comes to reveal on the one hand the weight of the bisexual norm on the organization of the company and of what takes place there and on the other hand, the power of the movement to maintain this standard, at all costs. Guided by psychoanalysis, this contribution aims to support the hypothesis that this enterprise of upholding the norm serves the safeguard of an infantile sexual theory that operates right to the heart of the psychoanalytic theory of the difference between the sexes.

From a careful reading of the psychic movements of its author, of repression and displacement, which can be identified in the construction of Freudian theory, we will show that intersexuality puts the centrality of the difference between the sexes in crisis. Taking as a methodological guide the psychoanalytic tools and concepts whose centrality, not of the difference of the sexes, but of the Sexual drive, the stake will then be to consider a theoretical model to think the clinic of intersexualization which does not collide to the limits imposed by the normativity of the binary difference between the sexes.

By integrating gender into psychoanalytic theory in a model supporting the primacy of the intersubjective dimension in the genesis of psychic organization, Jean Laplanche's gender assignment theory is posed as a model that emerges from anatomical determinism.

If the Laplanchian conception allows us to support the importance of early relationships and the fundamental doubt in which they are rooted in order to distinguish what we call the singularity of the intersubjective experience of intersexuation, it could also constitute a fruitful path for the clinical work by clearing the path of subjectivation from the cumbersome anatomical determinism.