La prise en charge complexe des patients présentant des troubles neurologiques fonctionnels (TNF) a fait l’objet de beaucoup d’études mais aucune à notre connaissance n’a exploré le vécu de la relation médecin–malade chez ces patients lorsqu’un évènement traumatique affecte potentiellement la genèse des troubles. L’objectif de cet article est d’appréhender comment l’évocation d’un évènement traumatique affecte le vécu des patients TNF dans la relation médecin–malade et son intégration dans l’histoire de leurs troubles.

Trois vignettes cliniques issues d’une recherche doctorale en cours seront étudiées. Cette recherche se déroule en service de Neuromyologie à l’Hôpital de la Pitié-Salpétrière, à Paris. Nos méthodes allient quantitatif (questionnaires) et qualitatif (entretien semi-dirigé) afin de mettre en évidence les disparités et congruences fréquentes dans cette population.

Accepter la part de l’évènement traumatique dans la genèse des troubles ne signe pas une adhésion totale à la composante psychogène. Les patients peuvent se sentir stigmatisés, ce qui peut révéler des fragilités psychiques déjà présentes en écho à cet évènement (angoisses d’abandon, tendances à la compulsion de répétition…).

Ce travail met au jour la pluralité des expériences des patients TNF dans la relation médecin–malade et vient souligner tout l’intérêt d’une collaboration étroite entre somaticiens et psychistes auprès de cette population pendant la période d’élaboration du diagnostic de TNF et tout au long de leur parcours de soin.

Cet article soulève des interrogations pour des travaux ultérieurs avec cette population : il serait particulièrement intéressant de comparer nos résultats à l’expérience de patients dirigés vers des professionnels de santé mentale ainsi que ceux qui ne font pas mention d’évènement traumatique en particulier.

The complex care of patients with functional neurological disorders (FND) has been the subject of many studies. However, none that we know of has explored the experience of the physician–patient relationship with FND patients who have suffered a potentially symptom-inducing traumatic event. The aim of this article is to understand how the evocation of a traumatic event affects FND patients’ experience of the physician–patient relationship and its integration into patients’ narratives around their symptoms.

Three case studies from our ongoing doctoral research will be described. This research is being carried out in the neuro-myology unit at the Pitié-Salpêtrière Hospital in Paris, France. We chose quantitative (questionnaires) and qualitative (semi-directed interviews) methods to bring to light the intra-individual similarities and differences that occur frequently in this population.

Accepting that the traumatic event participates in the creation of symptoms does not mean the patient will completely agree with their psychogenic nature. Patients can feel stigmatized, which can reveal already present psychological weaknesses that may be related to the traumatic event (fear of abandonment and repetition compulsion, amongst others).

This article explores the plurality of experiences of FND patients in their physician–patient relationship and underlines the importance and value of close collaborations between physicians and mental health professionals with this population.

This article raises questions about further work with this population: it would be of interest to explore the experience of patients directed to mental health professionals and to compare our results to those of patients who do not cite any traumatic event in particular.