L’histoire de la folie est indissociable du souci accordé au bâti destiné à l’accueillir. Des temples égyptiens jusqu’aux conceptions modernes, l’architecture est pensée comme outil de soin. Dans le présent travail, il s’agit d’examiner la portée soignante de l’art architectural en psychiatrie.

Nous déroulerons le parcours historique qui lie architecture et psychiatrie supporté par la question de savoir si l’architecture peut faire œuvre de soin en psychiatrie à partir des rencontres entre le beau architectural et autrui. Nous mettrons à contribution le phénomène d’atmosphère.

Si l’art architectural contribue aux soins dispensés, il semble que c’est en raison du phénomène d’atmosphère qui s’en dégage. Tirant origine de la rencontre entre les sujets accueillis et l’hospitalité du bâti, il apparaît que le phénomène d’atmosphère se fait soignant lorsque le projet architectural ne néglige, outre son nécessaire abord fonctionnel, ni sa dimension esthétique, ni sa dimension politique.

Nous soutenons que tant la dimension signifiante du beau que les rencontres et discours qu’encourage le cadre bâti, assurent une atmosphère soignante, dans la mesure où elle fait accueil de ceux chez qui, le plus souvent, le sens de l’habiter s’est détérioré sous l’effet de la maladie. C’est en ce point que l’architecture revêt une dimension politique et éthique nous permettant de soutenir qu’elle est condition de toute hospitalité, favorisant la restauration d’un habiter possible.

En prêtant une attention au phénomène d’atmosphère lors de l’élaboration commune du projet architectural, architectes, soignants et philosophes feront, dès lors, œuvre de soin.

The history of madness is inseparable from the concern for the building intended to accommodate it. From Egyptian temples to modern designs, the role of architecture is seen as a tool for healing that has an impact on the subject. In this work, we will investigate the healing power attributed to architectural art in psychiatry.

We will unpack the historical path that links architecture and psychiatry, with the underlying question of whether architecture can be used as a means of care in psychiatry, based on the encounters between architectural beauty and others. In our reflections, we will also make use of the phenomenon of atmosphere.

If architectural art contributes to the care provided, it seems that the reason is based on the phenomenon of atmosphere that emerges from it. The phenomenon of atmosphere, which originates in the encounter between the “hosted” subjects and the hospitality of the building, appears to be a healing phenomenon when the architectural project does not neglect, in addition to its necessary functional approach, either its aesthetic or its political dimension.

We maintain that both the significant dimension of beauty and the encounters and discourses encouraged by the built environment ensure a caring atmosphere, insofar as it welcomes those whose sense of inhabiting an environment, more often than not, has been deteriorated by illness. It is at this point that architecture takes on a political and ethical dimension, allowing us to maintain that the latter is a condition of all hospitality that can foster the restoration of the possibility of inhabiting.

By paying attention to the phenomenon of atmosphere during the common elaboration of the architectural project, architects, care providers, and philosophers can thus ensure the dimension of care.