Les brûlures oculaires chimiques professionnelles sont fréquentes et potentiellement graves. Alors que ces traumatismes sont vus en priorité par les urgentistes, il n’existe pas de recommandation concernant le triage de ces patients sur le plan clinique. L’objectif de cette étude est d’identifier des signes fonctionnels permettant le triage par le médecin urgentiste en cas de brûlure oculaire chimique professionnelle.

Une étude observationnelle prospective a été menée entre le 01/10/2018 et le 31/12/2018, des cas d’exposition oculaire professionnelle rapportés au centre antipoison (CAP) interrégional du Grand Ouest. Les données recueillies portaient sur les symptômes présentés par le patient. La gravité des brûlures oculaires était définie par la présence d’une kératite pouvant être diagnostiquée soit par les urgentistes et/ou les ophtalmologistes. Afin de connaître les signes associés à la gravité permettant le triage, un calcul de sensibilité, spécificité, valeurs prédictives et rapports de vraisemblance a été réalisé.

En 3 mois, 179 patients ont été inclus. Le sex-ratio (H/F) était de 1,9. La présence d’une photophobie et/ou d’un blépharospasme était plus fréquemment associée à une kératite avec des valeurs prédictives positives respectivement de 60,7 % et 53,8 %. Le diagnostic de kératite était posé grâce au test à la fluorescéine, réalisé chez 120 patients, soit par le médecin urgentiste, soit l’ophtalmologue, soit les deux. Dix-huit patients ont eu un double test à la fluorescéine, et aucune discordance n’a été retrouvée dans la mise en évidence d’atteinte clinique grave.

La présence d’une photophobie après exposition professionnelle oculaire doit alerter le médecin urgentiste. La réalisation d’un test par fluorescéine peut être effectuée sans risque même si des études ultérieures sont nécessaires.