Intoxications accidentelles par ammoniaque chez les consommateurs de cocaïne - 26/02/21
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Résumé |
Objectif |
La solution d’ammoniaque a de nombreux usages tant domestiques que professionnels. Les usagers de cocaïne connaissent également ses propriétés basiques qui permettent la synthèse de crack (ou free base) [1 ]. Les cas d’ingestion accidentels ou volontaires de ce produit caustique sont rares mais potentiellement graves. L’objectif de cette étude est de décrire une série de cas d’intoxication à l’ammoniaque rapportés au centre Antipoison de Marseille (CAPM).
Méthode |
Tous les cas d’intoxication à l’ammoniaque rapportés au CAPM sur 10 ans (1er janvier 2009 au 31 décembre 2018) ont été analysés rétrospectivement. Pour chaque cas, les antécédents, les symptômes, les circonstances d’intoxication et la sévérité ont été recueillis.
Résultats |
543 cas d’intoxication par ammoniaque ont été analysés avec 321 (59 %) par voie inhalée, 176 (32,5 %) par voie orale, 21 (3,8 %) par voie oculaire, 23 (4,2 %) par voie cutanée et 2 (0,5 %) par voie IV. Il y avait 37 patients aux antécédents de toxicomanie, essentiellement des hommes consommateurs de cocaïne. Ces patients étaient plus nombreux au cours des années avec 59 % des cas signalés lors des 2 dernières années (p<0,001). Chez ces patients, l’exposition était principalement par voie orale (33/37). Parmi ces 33 patients, il y avait 6 tentatives de suicides et 27 intoxications accidentelles. Parmi ces intoxications accidentelles, 26 étaient consécutives d’un déconditionnement (dans une bouteille ou une cannette de bière). Les symptômes étaient surtout digestifs, essentiellement des douleurs oropharyngées (11/37), une hypersialorrhée (12/37) et des lésions corrosives oropharyngées (25/37). La gravité était plus importante chez les usagers de drogue que chez les patients sans antécédents de toxicomanie (p<0,001) avec 15 cas de gravité modérée (PSS 2), 13 de gravité sévère (PSS 3) et un décès (PSS 4). En effet, pendant la même période, les patients intoxiqués sans antécédents de toxicomanie (n=506), avaient majoritairement une intoxication de gravité faible ou nulle (93 %). Deux cas d’intoxication sévère par voie orale sont survenus chez des enfants de 15 mois et 2 ans.
Discussion |
En utilisant de l’ammoniaque déconditionnée, les usagers de crack sont plus exposés au risque d’accident de confusion avec un soda ou de la bière. Ces cas d’ingestions accidentelles surviennent principalement lors de soirées ou tôt le matin, en lendemain de soirée, lorsque le patient a soif. Nos résultats sont probablement sous-estimés du fait que les consommateurs de substances illicites sont méfiants et refusent souvent de préciser leurs antécédents médicaux ou de décrire les circonstances d’intoxication. L’entourage direct est également à risque comme l’illustre la seule publication d’un cas d’intoxication à l’ammoniaque en lien avec le milieu toxicomane. Il s’agissait d’un enfant de 2 ans dont les parents étaient usagers [1 ]. Il aurait été intéressant de savoir si l’entourage des deux enfants de notre étude était usager de substances illicites ou non.
Conclusion |
Ces premiers résultats montrent que les intoxications accidentelles par ammoniaque chez les usagers de cocaïne ne sont pas anecdotiques. Une étude nationale serait nécessaire pour confirmer ces données. En attendant, les équipes médicales en lien avec les patients à risque doivent être sensibilisées à ce type d’accident, certes rare mais aux conséquences potentiellement catastrophiques pour l’usager comme pour son entourage direct.
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Vol 33 - N° 1
P. 16-17 - mars 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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