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Deux cas de surdosage à l’argent par deux voies d’exposition différentes - 26/02/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2020.10.046 
B. Lelièvre 1, , A.C. Tellier 2, G. Colonna 3, B. Cohen 2, G. Drevin 1, M. Deguigne 4, F. Darrouzain 5
1 Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, CHU, Angers, France 
2 Service de réanimation des brûlés, CHU, Tours, France 
3 Dermatologie, Porto Vecchio, France 
4 Centre anti-poison et toxicovigilance, CHU, Angers, France 
5 Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, CHU, Tours, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectif

Les intoxications à l’argent sont rares. L’argent est absorbé par voies digestive (18 %), pulmonaire (près de 90 %) et cutanée (très faiblement). Son élimination est essentiellement fécale, très faiblement urinaire et sudorale (<8 %). Comme de nombreux métaux, l’argent peut être à l’origine d’intoxication de sévérité variable. Le tableau clinique le plus connu demeure l’argyrie, une dermatose caractérisée par une coloration grise/gris-bleu des muqueuses et du revêtement cutané.

Historique du cas

Nous rapportons deux cas :

– une patiente de 47 ans (patiente 1) présentait une coloration grise au niveau des ongles et consommait des bonbons enrobés d’argent colloïdal, ce qui a motivé un contrôle de la concentration d’argent ;

– une patiente de 33 ans (patiente 2) brûlée (62 % de surface corporelle) ayant présenté une toxicité hématologique pour laquelle une origine iatrogénique était suspectée.

En effet, après moins de 24heures d’application de sulfadiazine argentique (Flammazine®, 0,2 % d’argent micronisé), une agranulocytose (polynucléaires neutrophiles à 0,28 G/L) associée à une thrombopénie (plaquettes à 91,5 G/L) ont été observées.

Méthodes

Des prélèvements sanguins et urinaires ont été effectués chez les deux patientes. Des bonbons ont été pesés en double (4 bonbons : 1,1698g et 1,19930g). Ils ont été analysés après délitement de l’enrobage dans l’eau osmosée déminéralisée à 40°C et minéralisation dans l’acide nitrique à 70°C. Le dosage a été réalisé par ICP-MS (7800, Agilent) en mode hélium, après dilution des échantillons au 1/20 dans une solution d’acide nitrique pour le plasma, les minéralisats (dilués avec de l’eau déminéralisée) et d’acide chlorhydrique pour les urines, contenant chacune l’étalon interne (rhodium). La gamme s’étendait de 0,5 à 40μg/L. Les contrôles de qualité interne étaient Clincheck (Recipe) et QMUQ (INSP Québec).

Résultats

Les concentrations en argent étaient de 88,7μg/L dans le plasma (n<0,8μg/L) et inférieure à 0,5μg/L dans les urines pour la patiente 1 et de 1403μg/L dans le plasma et 106,1μg/L (51,8μg/g créatinine) dans l’urine (n<0,029μg/L) pour la patiente 2. Les concentrations mesurées dans les minéralisats dilués étaient de 18,1 et 18,6mg/L, soit une teneur moyenne de 30,5μg/g bonbon.

Discussion

La patiente 1 consomme 50 sachets de 100g de bonbons par an. La base Poisindex répertorie 4 cas de toxicité à l’argent après ingestion (deux documentées avec une concentration plasmatique de 12μg/L) et un cas après application cutanée et la base Toxinz 3 cas après ingestion. Outre des signes d’argyrie, des crises épileptiques, des troubles digestifs, rénaux, hépatiques ont été observés.

Conclusion

Les analyses ont confirmé les concentrations élevées d’argent. Pour la première patiente, les signes étaient relativement limités et l’exploration d’éventuels signes neurologiques est envisagée. Pour la deuxième patiente, l’agranulocytose et la thrombopénie ont été résolutives après diminution de la fréquence d’application de la Flammazine®.

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Vol 33 - N° 1

P. 19 - mars 2021 Retour au numéro
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