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Prise en charge des femmes enceintes exposées au mercure organique et de leurs enfants à naitre - 26/02/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2020.10.051 
M. Labadie 1, , R. Garnier 2, P. Nisse 3, C. Tournoud 4
1 Centre antipoison de Bordeaux, CHU, Bordeaux, France 
2 Centre antipoison de Paris, Consultation de pathologie professionnelle et de l’environnement, APHP-Nord, Université de Paris, Hôpital Fernand Widal, Paris, France 
3 Centre antipoison de Lille, CHU, Lille, France 
4 Centre antipoison Grand-Est, CHU, Nancy, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectif

La population mondiale est exposée au méthylmercure à partir de la consommation des produits de la mer, et de certains cours d’eau. En France, les populations amérindiennes Guyanaises sont les plus exposées, suite à la contamination des fleuves par le mercure (orpaillage), transformé en méthylmercure, bioaccumulé dans les poissons des fleuves. La population métropolitaine est exposée dans une bien moindre mesure. L’objectif de ce travail est de présenter des recommandations pour la prise en charge des femmes enceintes et de leurs enfants à naître exposés au méthylmercure.

Méthode

La DGS a saisi la Société de Toxicologie Clinique (STC) pour l’établissement de recommandation de bonne pratique (RBP). Six questions ont été posées à un groupe de travail pluridisciplinaire mis en place à cet effet. Les questions étaient les suivantes : Quelles sont les sources d’exposition de la population générale au mercure organique ? Quels sont les indicateurs biologiques utilisables pour l’évaluation de l’exposition humaine au mercure organique ? Quels sont les effets sur la santé du mercure organique ? Parmi eux, le(s)quel(s) peut-on considérer comme le ou les effet(s) critique(s) ? Que connaît-on des relations dose-réponse pour ces effets critiques ? Quels sont les niveaux d’exposition au mercure organique ? Peut-on identifier une ou des population(s) sur le(s)quelle(s) devrai(en)t être porter prioritairement la surveillance de l’exposition au mercure organique ? Un dépistage systématique d’une surexposition au mercure organique est-il à recommander ? Si oui, quelles sont les populations cibles et quelles en sont les modalités ? En cas de découverte d’une surexposition au mercure organique, quelle devrait être la conduite à tenir, en fonction du niveau d’exposition ? Quel est le seuil de mercure capillaire chez la mère à considérer pour envisager l’usage de chélateurs du mercure et dans ces cas selon quelles modalités ? Quel est le seuil de mercure capillaire chez la mère à partir duquel il convient de discuter d’une interruption médicale de grossesse ? Pour apporter une réponse, le groupe de travail a effectué une revue de la bibliographie internationale selon les procédures et les règles préconisées par la Haute Autorité de Santé. Un groupe de lecture a proposé des améliorations et à cette fin a fait les remarques nécessaires qui ont été intégrées et il a approuvé le travail final.

Résultats

Vingt-huit recommandations ont été ainsi proposées et disponibles sur le site de la STC (www.toxicologie-clinique.org/). Les éléments importants sont les suivants. La surveillance populationnelle doit porter en priorité sur les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes et leurs enfants de moins de sept ans, consommant plus de deux portions de produits de la mer par semaine (actuelles recommandations de l’ANSES) et ainsi exposées au mercure organique ; en Guyane, cela concerne toutes les personnes de cette population résidant dans des bourgs isolés. Le dépistage est basé sur le dosage de mercure dans les cheveux. L’imprégnation moyenne de la population française est de 2,5μg/g de mercure capillaire. La valeur de 11μg/g de concentration capillaire de mercure maternelle, est celle retenue à partir de laquelle un effet critique neurologique est susceptible de survenir chez l’enfant. La STC recommande une prise en charge dès 2,5 μg/g (ou 10μg par litre de sang) chez la femme et dès 1,5μg/g chez l’enfant (6μg/L). La prise en charge comporte des conseils pour réduire la consommation de poissons contaminés, un suivi par des dépistages trimestriels voire mensuels notamment pour les femmes enceintes, au-delà de 11μg/g, et, au-dessus de 25μg/g, par l’administration éventuelle de chélateur du mercure.

Conclusion

Ces RBP permettent de faire une synthèse de la littérature scientifique récente, d’élaborer des recommandations applicables en pratiques permettant une prise en charge adaptée.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 33 - N° 1

P. 22 - mars 2021 Retour au numéro
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