Invasions lessepsiennes en mer Méditerranée - 26/02/21
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Résumé |
Introduction |
Ferdinand de Lesseps, consul français en Egypte fut à l’origine de la création du canal de Suez, inauguré le 17 novembre 1869. Il s’agit d’un canal de navigation qui relie la Méditerranée et la mer Rouge à travers l’isthme de Suez en Égypte. Le canal de Suez, long de 192km, large de 121m et profond de 24 mètres, a été doublé avec un second canal en 2015 permettant ainsi le croisement de bateaux et donc une augmentation du trafic maritime : il représente désormais 8 % du commerce maritime international, et l’un des quatre principaux revenus de l’Égypte.
Résultats |
Les espèces lessepsiennes proviennent en majorité de l’océan indo-pacifique (41 %), de l’océan indien (16 %) et de la Mer Rouge (12 %). Les plus dangereuses pour l’homme, connues à ce jour, sont représentées par :
– Lagocephalus sceleratus : poisson vénéneux de la famille des Tetrodontidae, qui contient de la tétrodotoxine, déjà répandu dans toute la mer Méditerranée, et à l’origine de plusieurs intoxications mortelles ;
– Plotosus lineatus, poisson venimeux de la famille des Plotosidae, également répandu dans toute la mer Méditerranée, dont seuls les juvéniles sont à l’origine de blessures et d’envenimations modérées ;
– Pteroïs miles : poisson venimeux de la famille des Scorpaenidae, présent en majorité dans le bassin est de la Méditerranée, et à l’origine d’envenimations identiques à celles rencontrées en Mer Rouge ou dans les Caraïbes ;
– Synanceia verrucosa (poisson-pierre) : poisson venimeux de la famille des Synanceiidae, dont plusieurs spécimens ont été rencontrés sur les côtes israéliennes et libanaises, à l’origine d’envenimations très bruyantes mais non mortelles ;
– Siganus luridus et S. rivulatus : poissons venimeux et vénéneux de la famille des Siganidae, très fréquents dans le bassin est de la Méditerranée, à l’origine d’envenimations identiques à celles provoquées par les vives et d’intoxications alimentaires du type ichthyoallyeinotoxisme ;
– Rhopilema nomadica : méduse de la famille des Rhizostomatidae, rencontrée massivement sur les côtes israéliennes avec des blooms sur 100km l’été, et à l’origine d’envenimations qui ne menacent pas le pronostic vital.
Discussion |
Quatre principaux facteurs sont à l’origine de cette migration au travers du canal de Suez et de l’implantation d’espèces maritimes en mer Méditerranée :
– Les activités humaines : le trafic maritime permet le transport d’espèces maritimes exotiques sur la coque des bateaux (« fouling ») ou dans les ballasts ;
– Des facteurs physiques naturels : les conditions hydrographiques des deux mers concernées (courants, température, salinité), la différence de niveau (la mer Rouge est plus haute que la mer Méditerranée), la disparition de barrières naturelles (lacs hypersalés sur le trajet du canal de Suez, création du barrage d’Assouan sur le Nil), et la richesse en nutriments (plus élevée en Méditerranée qu’en Mer Rouge) aboutissent à une migration de la Mer Rouge vers la Méditerranée et non l’inverse ;
– Le réchauffement climatique : l’influence sur l’évaporation, les régimes des vents et des courants, et la température de l’eau en hausse privilégient le développement d’espèces en provenance du sud et la raréfaction des espèces du nord de la Méditerranée ;
– Les aires de protections marines : réserves naturelles protégées, qui servent de nurseries d’espèces marines dont les espèces lessepsiennes.
Certains de ces facteurs, notamment les activités humaines et le réchauffement climatique, vont continuer à proliférer dans l’avenir, et favoriser l’invasion et l’implantation de ces espèces. De plus la présence humaine va considérablement augmenter en mer Méditerranée d’ici à 2030, comme le souligne le récent rapport du WWF (2017) : développement du tourisme (+500 millions), du trafic maritime (+4 % par an) et de l’aquaculture (+ 112 %)…
Conclusion |
Toutes ces tendances convergent vers une augmentation des intoxications et envenimations par les espèces marines toxiques de la mer Rouge dans les années à venir, et les toxicologues ainsi que les médecins urgentistes européens devraient être conscients des risques toxicologiques liés à cette invasion lessepsienne.
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Vol 33 - N° 1
P. 25-26 - mars 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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