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Le phenibut, une substance GABA-mimétique sous surveillance - 26/02/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2020.10.059 
C. Chevallier 1, 2, , H. Peyrière 3, A. Boucher 1, C. Pion 4
1 Centre d’Addictovigilance de Lyon, Hospices Civils de Lyon, Lyon, France 
2 Centre antipoison de Lyon, Hospices Civils de Lyon, Lyon, France 
3 Centre d’Addictovigilance, Hôpital Lapeyronie, CHRU Montpellier, France 
4 Pôle STUP, Direction NEURO, ANSM, Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectif

Le phenibut, ou acide 4-amino-3-phenylbutanoique, est un GABA-mimétique synthétisé en Russie et commercialisé dans les années 60 dans diverses indications (anxiété, insomnie, stress post-traumatique, …) [1]. Aux États-Unis et dans la plupart des pays européens, il ne dispose pas d’un statut de médicament. Depuis 2011, avec l’essor des agents nootropes, il est depuis largement accessible en ligne, proposé notamment comme « complément alimentaire » sur internet. En raison de ses propriétés psychotropes, le phenibut est également utilisé à visée récréative. À ce jour, seule l’Australie a réglementé son usage. En France, il ne fait l’objet d’aucune réglementation. À la suite de plusieurs signalements marquants rapportés par le réseau des centres d’Addictovigilance, l’ANSM a ouvert une enquête nationale en juillet 2019 afin d’évaluer son potentiel d’abus et de dépendance.

Méthodes

Analyse des données d’Addictovigilance colligées entre le 1er janvier 2007 et le 31 octobre 2019 par le réseau d’Addictovigilance, complétée par une revue de la littérature médico-scientifique et toute autre source d’information pouvant contribuer à l’évaluation des effets du phenibut (forums d’usagers, données épidémiologiques internationales, bases de données de pharmaco-surveillance).

Résultats

Le phenibut a fait l’objet de 16 signalements auprès du réseau d’Addictovigilance. Une requête exploratoire des données des Centres Antipoison a indiqué 11 cas d’exposition ; 1 dossier avait fait l’objet d’une déclaration à la Nutrivigilance. Parmi ces 12 cas, 5 avaient également été notifiés aux centres d’addictovigilance. Les effets observés au travers des dossiers sont :

– l’abus et la dépendance : 6 troubles de l’usage dont 3 sévères (DSM-V).

Des effets indésirables (n=2) sur 1 cas de consommations en tant que complément alimentaire et 1 cas de vulnérabilité chimique, avec comme symptômes : insomnie, vertige, céphalée, anxiété.

Le syndrome de sevrage (n=2) avec des symptômes d’insomnie, d’anxiété, de tachycardie et de tremblements dans un contexte d’arrêt de la consommation du produit.

L’intoxication aiguë (n=6), exposant à des troubles de la conscience (coma) ou à des complications neuropsychiatriques (agitation psychomotrice, hallucinations). Les symptômes peuvent également comprendre des vomissements, une dépression respiratoire, une dysrégulation de la température et des altérations de l’hémodynamique.

Discussion

Les données colligées ainsi que les données de la littérature permettent de distinguer 3 types de complications liées au phenibut : le risque d’abus et de dépendance, la survenue d’un syndrome de sevrage avec une symptomatologie se rapprochant de celle observée avec d’autres GABA-mimétiques (GHB/GBL, baclofène, …) et le risque d’intoxication aiguë. Comme avec d’autres GABA-mimétiques, notamment le baclofène dont il est très proche structurellement, l’intoxication aiguë grave au phenibut est parfois difficile à distinguer d’un syndrome de sevrage.

Conclusion

Les risques liés à la consommation de phenibut, sa large disponibilité non réglementée sur le marché et sa présentation fallacieuse comme complément alimentaire posent la question de l’évolution de son statut réglementaire en France. La question est en cours d’évaluation par les autorités sanitaires.

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Vol 33 - N° 1

P. 27 - mars 2021 Retour au numéro
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