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Syndrome cannabinoïde suite à la consommation d’huile de cannabidiol, à propos d’un cas - 26/02/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2020.10.074 
L. Dufayet 1, , 4, 5 , H. Laborde-Casterot 1, A. Larabi 2, 3, I. Etting 2, J.C. Alvarez 2, 3, D. Vodovar 1, 4
1 Centre antipoison et de toxicovigilance de Paris, Fédération de toxicologie de l’AP–HP (FeTox), hôpital Fernand-Widal, AP–HP, Paris, France 
2 Laboratoire de pharmacologie-toxicologie, CHU Raymond-Poincaré, AP–HP, Garches, France 
3 INSERM UMR 1173, université Versailles Saint-Quentin, Montigny-le-Bretonneux, France 
4 INSERM UMR-S 1144, faculté de pharmacie, Paris, France 
5 Unité médico-judiciaire, hôpital Hôtel-Dieu, AP–HP, Paris, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Objectif

Le syndrome d’hyperémèse cannabinoïde (SHC) a été décrit suite à la consommation de tétrahydrocannabinol (THC) ou de cannabinoïdes de synthèse, mais pas de cannabidiol (CBD) [1]. Nous rapportons ici un cas probable de SHC suite à la consommation d’huile de CBD.

Historique du cas

Le Centre AntiPoison de Paris a été contacté par une femme de 41 ans, suite à l’apparition de symptômes digestifs deux mois après la consommation régulière d’huile de CBD, acheté sur le site internet d’une entreprise spécialisée américaine. Elle en aurait ingéré plusieurs fois par semaine 10 à 30 gouttes. Elle rapporte l’apparition de nausées, de vomissements et de douleurs abdominales, soulagées uniquement par des bains chauds. Les symptômes ont disparu spontanément à l’arrêt de la consommation. La patiente a été vue en consultation dans notre service un mois après l’arrêt de sa consommation. Les examens complémentaires demandés par son médecin traitant (coloscopie et gastroscopie) étaient normaux. Elle ne rapportait aucune consommation de stupéfiants. Une mèche de cheveux de 8cm a été prélevée et la bouteille d’huile de CBD a été conservée.

Méthodes

Les analyses ont été réalisées par LC-MS/MS, avec une limite de quantification à 5pg/mg.

Résultats

Dans les cheveux, les concentrations de CBD et de THC étaient de 290 [135 ; 380] et de 7 [<5 ; 12] pg/mg. Dans l’huile, elles étaient de 60 et 4mg/L. L’analyse segmentaire des cheveux ne permettait pas de documenter l’exposition de manière chronologique en raison de multiples teintures déclarées par la patiente. Aucun autre xénobiotique n’a été mis en évidence.

Discussion

La présentation clinique de cette patiente est en faveur d’un SHC. Ce syndrome est décrit chez des consommateurs chroniques de THC, avec des concentrations capillaires de THC autour de 220pg/mg et de faibles concentrations de CBD. La physiopathologie de cette pathologie n’est pas connue. Des études animales mettent en évidence une réponse biphasique au CBD avec un effet anti-émétique à faible dose mais un effet pro-émétique à forte dose [2]. Notre cas pourrait s’inscrire dans ce cadre. L’implication du THC ne peut pas être exclue même si peu probable au vu de sa faible teneur. Ce cas illustre le manque de transparence et la dangerosité potentielle des produits contenant du CBD. La présence de THC n’est mentionnée ni sur la bouteille, ni sur le site internet du vendeur. Le THC étant interdit en France, les conséquences d’une telle consommation pourraient être légales mais aussi médico-légales, en cas d’accident de la voie publique par exemple. Enfin, sur le plan médical, une ingestion accidentelle du produit (chez un enfant notamment) pourrait entraîner une intoxication.

Conclusion

Nous présentons ici un probable cas de SHC dans les suites de l’ingestion régulière d’huile de CBD. Les fortes concentrations capillaires de CBD, ainsi que les conclusions d’études animales sont en faveur d’un SHC lié au CBD. Ce cas souligne les risques médicaux et judiciaires liés à la consommation de ces produits, pourtant présentés comme inoffensifs par les vendeurs.

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