Les cas de saturnisme en France sont devenus rares. Nous rapportons le cas d’un saturnisme infantile pour lequel la comparaison de profils isotopiques du plomb et de ratios élémentaires entre les prélèvements biologiques et environnementaux a permis d’identifier la source de contamination.

Une fillette de 8 ans au comportement de pica présente un tableau associant des troubles digestifs, une asthénie, des douleurs des membres inférieurs avec une anémie microcytaire. L’hypothèse de saturnisme est confirmée par la plombémie (946μg/L). Les examens radiologiques de l’abdomen (présence d’éléments radio-opaques) et des membres inférieurs (opacités en bande au niveau des métaphyses des os longs) sont compatibles avec une imprégnation chronique. Les EEG et EMG sont normaux, il n’y a pas de répercussion rénale, ni de trouble du développement psychomoteur. Une chélation par succimer et EDTA calcique puis succimer seul ont été mises en place. La survenue de rebonds de plombémie post-chélation a montré la persistance d’un contact avec la source de contamination. Une nouvelle enquête environnementale a été effectuée afin d’identifier l’origine de la contamination, la première ayant été infructueuse.

Les prélèvements sanguins de l’enfant et 4 prélèvements environnementaux (écoles) ont été effectués pour dosage du plomb (total et isotopes), du cadmium et du strontium par ICP-MS (Elan DRC-e, Perkin Elmer®). Les calibrations s’étendent de 10 à 400μg/L. Après minéralisation, les échantillons sont dilués au 1/20 dans une solution acide contenant du rhénium (étalon interne). La détermination isotopique du plomb est effectuée avec des réglages spécifiques et en intercalant un matériau de référence NIST 981 entre chaque échantillon pour corriger les biais de masse (bracketting). Les analyses ont été faites en duplicat.

Les résultats sont données dan le Tableau 1.

Les analyses ont permis d’identifier la source de contamination (env. 1). Le portail avait plusieurs couches de peinture, dont les plus anciennes étaient riches en plomb. La fillette ingérait régulièrement des écailles de peinture. La plombémie de la fillette 5 mois après son admission était de 388μg/L.

L’utilisation combinée de l’analyse des isotopes du plomb et des ratios élémentaires (Sr/Pb et Cd/Pb) a permis d’identifier une source environnementale d’exposition au plomb. La prise en charge médicale, l’éviction de la source de contamination a permis une amélioration progressive de l’état clinique de la fillette.