Intoxication par le fer chez les animaux de compagnie - 26/02/21
Résumé |
Contexte |
L’intoxication par le fer chez le chien et le chat n’est pas exceptionnelle, en raison des multiples sources d’ingestion possibles : outre les médicaments humains, les principaux produits en cause sont les pesticides dans le jardin. Mais le fer est présent également dans les absorbeurs d’oxygène ou dans divers objets du quotidien.
Matériel et méthodes |
Ce poster présente un bilan des appels et des intoxications par le fer enregistrés au CAPAE-Ouest au cours des 10 dernières années (1er janvier 2010 au 31 décembre 2019 n=62 000), sur le plan épidémiologique et sur le plan clinique.
Résultats |
Au total, 518 appels ont été relevés (416 chez le chien et 102 chez le chat) dont 163 (149 chez le chien et 14 chez le chat) ont été considérés comme intoxication probable. La principale source toxique est l’anti-limace à base de phosphate ferrique qui représente 50 % des appels (dont 28 % sont des cas probables). Ce produit est donc plus dangereux que ce qui est souvent mentionné sur l’emballage (fréquentes mentions « préserve les animaux domestiques » ou « sans danger pour les animaux »). On trouve ensuite l’ingestion accidentelle des médicaments du propriétaire (19 % des appels, dont 40 % jugés intoxication probable). L’utilisation d’anti-mousse à base de sulfate de fer sur la pelouse est à l’origine de 17 % des appels (dont 38 % cas probables). Les absorbeurs d’oxygène présents dans les sachets de denrées alimentaires (en particulier dans ceux de friandises pour les animaux de compagnie) ont donné lieu à 8 % des appels (dont 28 % cas probables). Il faut mentionner également l’ingestion de patchs, coussins ou semelles chauffantes, à base de poudre de fer provoquant une réaction exothermique au contact de l’air, et qui ont conduit à 8 appels chez le chien (1,5 %) dont 5 cas probables (62 %). Enfin des cas anecdotiques (4,5 %) portent sur l’ingestion de divers produits renfermant du fer sous des formes chimiques variées (aimant, engrais, pigments pour ciment, réactifs de jeu du petit chimiste…). La dose ingérée est souvent connue lorsqu’il s’agit de l’ingestion d’un médicament (max 640mg/kg), alors que dans toutes les autres circonstances elle est au contraire difficile à estimer. Mais le tableau clinique est le même quelle que soit la forme ingérée. On relève principalement des vomissements (61 % des cas probables), accompagnés de diarrhée, parfois hémorragique, avec douleur abdominale (45 %) et de ptyalisme (9 %). L’hépatite est rarement rapportée (un seul cas chez un chien après ingestion d’anti-limace), mais il est vrai que les analyses complémentaires permettant de la mettre en évidence ne sont pas fréquemment réalisées. L’animal est anorexique, présente parfois des gémissements, et la baisse d’état général dépend de l’intensité des symptômes digestifs. Lors d’ingestion minime et de symptômes légers, le traitement peut se limiter à l’administration d’un pansement digestif (SMECTA) à la maison, associé à une diète hydrique de quelques heures. Mais les cas plus sévères sont pris en charge à la clinique vétérinaire. L’animal est mis sous perfusion et un traitement symptomatique de la gastro-entérite est instauré, avec parfois administration de bicarbonate de sodium pour limiter la résorption du fer. L’évolution est favorable, aucun cas mortel n’a été enregistré.
Conclusion |
L’intoxication par le fer est un risque non négligeable chez les animaux de compagnie, en raison de leur comportement curieux, glouton, joueur… Mais les doses ingérées sont cependant le plus souvent insuffisantes pour entraîner une intoxication grave qui engage le pronostic vital, ce qui est heureux car les vétérinaires disposent rarement de déféroxamine.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 33 - N° 1
P. 38 - mars 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?