Consommation de substances psychoactives illicites par vapotage : les données d’addictovigilance - 10/04/21
Résumé |
Introduction |
Vapoter consiste à inhaler un aérosol créé en chauffant un liquide pouvant contenir des substances psychoactives (SPA) à l’aide d’une E-cigarette (CE) ou d’un vaporisateur. Son intérêt réside dans la température de production des vapeurs de SPA, qui est inférieure au point de combustion des produits de pyrolyse carcinogènes. Considérée comme un « produit du tabac », la publicité sur la CE est interdite de même que sa vente aux mineurs. Pourtant un signal d’addictovigilance apparaît chez les mineurs depuis 2013 avec des complications après vapotage de cannabinoïdes de synthèse (CS).
Méthodes |
Une analyse descriptive des notifications nationales d’addictovigilance en lien avec le vapotage centrée sur les complications et une revue de la littérature ont été réalisées jusqu’au 31 décembre 2019.
Résultats |
Au total 256 cas (hommes (84 %) ; âge médian de 17 ans) présentent des complications en lien avec le vapotage de SPA, principalement neuropsychiatriques (71 %). La proportion des mineurs est inquiétante (51 %). Les produits déclarés être vapotés sont des cannabinoïdes (75 % des cas) naturels (n=121) ou des CS (n=71). D’autres substances sont citées (n=3) : poppers, ecstasy, opiacés pilés. Les modes d’obtention sont le don/partage (46 %), Internet (36 %) ou le deal (16 %). Le partage de CE expose à un risque de prises de SPA à l’insu. Les données soulignent le manque d’analyses toxicologiques : seuls 16 E-liquides ont pu être analysés (6,25 %), principalement des CS (87,5 %). Une concordance étiquetage/contenu est retrouvée pour 41 % des flacons analysés. Concernant les données de la littérature, celles-ci montrent que toutes les SPA thermorésistantes, médicamenteuses ou non, peuvent être vapotées (méthamphétamine, cathinones, MDMA, dextrométorphane…). De plus, il est important de noter que l’inhalation est la voie d’administration la plus rapide pour saturer les récepteurs cérébraux, plus rapide que la voie intraveineuse et que celle-ci participe à l’addictogénicité du produit.
Discussion |
Les SPA fumées habituellement (nicotine et cannabis) peuvent être vapotées en invoquant une logique de réduction des risques mais les autres SPA (CS, cocaïne, amphétamines…) sont probablement plus à risque par vapotage que par d’autres voies. L’addictovigilance doit continuer sa veille, la CE pouvant devenir le nouveau mode d’administration des SPA avec des risques d’addictogénicité et de toxicité élevés inhérents à cette voie.
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Vol 76 - N° 2
P. 168 - mars 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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