L’évidence d’être-au-monde, en contact avec son corps, à manger, à respirer, à vivre dans une unité corps–environnement, est rompue dans l’allergie. La peau qui joue le rôle primordial d’« interface » dans toute relation corporelle au monde, la respiration et l’alimentation qui constituent les deux formes principales de traitement physique du monde, ces processus de contact et d’appropriation du monde sont perturbés dans l’allergie. Le rapport au monde ainsi établi n’est pas sans conséquences sur notre être-dans-le-monde et sur nos façons d’entrer en relation avec autrui, avec les choses, avec notre propre corps et avec le monde dans son ensemble. L’allergie induit un rapport au monde particulier où ce sujet qui « habitait » jusque-là en toute quiétude le monde quotidien qui était le sien, se voit subitement expulsé de chez lui. Il se sent exclu de son milieu, voire en danger. Nous verrons ainsi comment l’intervention allergologique peut accompagner le patient allergique dans une réappropriation du monde. Ma réflexion sur le système interactif sujet–monde portera sur la dimension relationnelle du corps, corps situé entre le sujet et le monde. Il s’agira donc d’améliorer les relations entre l’organisme et son milieu, de telle façon que le sujet allergique puisse s’approprier, c’est à dire, rendre sien, et son corps et le monde.

The evidence of being-in-the-world, in contact with one's body, to eat, to breathe, to live in a body–environment unity, is broken in the allergy. The skin which plays the primordial role of “interface” in any bodily relation to the world, breathing and nourishment which constitute the two main forms of physical treatment of the world. These processes of contact and appropriation of the world are disturbed in allergy. The relationship to the world thus established is not without consequences on our being-in-the-world and on our ways of relating to others, to things, to our own body and to the world as a whole. The allergy induces a relationship with the particular world where this subject who until then “lived” in peace in the daily world that was his, is suddenly expelled from his home. He feels excluded from his environment, even in danger. We will thus see how the allergological intervention could accompany the allergic patient in a reappropriation of the world. My reflection on the subject–world interactive system will focus on the relational dimension of the body, a body located between the subject and the world. It will therefore be a question of improving the relations between the body and its environment, so that the allergic subject can appropriate, that is to say, make his own, and his body and the world.