L’allergie alimentaire au cerfeuil (Anthriscus cerefolium L, Apiaceae) n’a été ni décrite, ni étudiée jusqu’à présent.

Cas clinique : Un homme de 43 ans mange régulièrement, depuis 10 ans, de la soupe maison à base de cerfeuil de son jardin. En 2012, il commence à présenter des diarrhées immédiatement après ingestion de cette soupe. Il mentionne également un syndrome oral aux pommes crues, cerises, noisette, noix et persil frais. Progressivement, les symptômes s’aggravent après l’ingestion de cerfeuil (démangeaisons dans la gorge, gonflement de la luette, raucité de la voix, diarrhée). Un bilan allergologique est effectué en 2018.

Les prick-tests cutanés sont positifs pour les acariens, le chat, les pollens de bouleau et noisetier ; la pomme crue (papule/érythème 5/18mm), cerfeuil cru et cuit (10/25mm chacun) ; histamine 6/18mm ; armoise négative. IgE totales 138kU/L ; IgE spécifiques (ImmunoCAP, kU/L) : dactyle 2,53, bouleau 8,36, rBet v1 7,03 ; rBet v2, armoise, persil, épinard, céleri, rApi g 1 sont négatives (<0,1kU/L) ; rPru p 3 et toutes les autres LTP disponibles sont négatives. Un ImmunoCAP spécial “cerfeuil” est revenu positif à 2,39kU/L (Special Allergen Service, ThermoFisher, Uppsala, Suède). Les allergènes du cerfeuil cru et cuit (10min, 100°C) ont été étudiés par SDS-PAGE et immuno-empreinte (ALK Recherche Allergène, France). Les teneurs protéiques de ces extraits sont respectivement de 1,7 (cru) et 1,2 (cuit) mg/mL. Une fixation des IgE spécifiques du patient est observée à 14kDa dans l’extrait de cerfeuil cru, et reste détectable dans l’extrait cuit, avec une plus faible intensité. Ceci est compatible avec une LTP, allergène thermostable de 10–14kDa, ou une snakin (Pru p 7-like). La Rubisco est détectable à 55kDa par un anticorps anti-chaîne lourde, dans l’extrait de cerfeuil cru, mais n’est pas reconnue par les IgE du patient. La rubisco n’est plus détectable dans l’extrait cuit, car dénaturée.

Il s’agit du premier cas décrit d’allergie alimentaire IgE-dépendante au cerfeuil de jardin. Les IgE spécifiques sont monospécifiques d’un allergène thermostable de 14kDa, qui pourrait correspondre à une LTP ou une snakin (Pru p 7-like) du cerfeuil.