Modélisation rétro-prospective d’évènements récurrents - 22/05/21
Résumé |
Introduction |
L’étude des facteurs de risque d’un évènement récurrent est une problématique fréquemment rencontrée en recherche biomédicale. Même s’il arrive souvent que l’occurrence de l’évènement d’intérêt puisse s’être déjà produite avant l’inclusion d’un sujet, cette information n’est généralement pas utilisée dans les analyses statistiques visant à étudier les facteurs de risque de récidive. En effet, afin d’éviter les biais de sélection, ces analyses n’utilisent généralement que les informations post-inclusion (analyse purement prospective), et ce alors même que l’utilisation des données pré-inclusion (données rétrospectives) pourrait augmenter la puissance statistique lorsque les facteurs de risque étudiés sont indépendants du temps. Dans ce travail, nous proposons une analyse de survie pondérée permettant d’intégrer simultanément les évènements prospectifs et rétrospectifs. Ce développement est motivé par l’étude des facteurs de risque de la récidive de maladie thromboembolique veineuse (MTEV) dans la cohorte MARTHA.
Méthodes |
L’étude MARTHA a initialement été conçue pour étudier les facteurs de risque de la MTEV. De 1994 à 2010, 1473 patients présentant au moins une MTEV documentée sans thrombophilie sévère ont été recrutés à l’hôpital de La Timone à Marseille. Parmi ces patients, 402 avaient déjà eu plusieurs MTEV et les informations sur ces évènements avaient été colligées. Entre 2013 et 2018, 780 patients ont pu être recontactés pour recueillir des informations sur d’éventuelles nouvelles MTEV, ce qui a permis d’identifier 152 récidives. Au total, notre échantillon d’analyse comportait 1473 individus incluant 554 récidives. Les variables non dépendantes du temps étudiées dans ce travail étaient le sexe, les antécédents familiaux de MTEV et l’âge de la première MTEV (avant ou après 50 ans). L’association entre ces variables et le risque de récidive de MTEV a été modélisée avec un modèle de Cox pondéré. Les pondérations utilisées pour tenir compte de l’éventuel biais de survie ont été calculées à partir de l’inverse de la probabilité de survie jusqu’à la date de recueil des données sur la récidive. Cette probabilité de survie ayant été calculée au moyen d’un modèle de Cox à entrée retardée appliqué au statut vital des patients recontactés et complété par les informations communiquées par le Répertoire national d’identification des personnes physiques (RNIPP).
Résultats |
Dans l’analyse prospective portant sur 780 sujets dont 152 récidives, le sexe masculin (HR=1,8±0,18, p=1×10−3) et la présence d’antécédents familiaux (HR=1,6±0,17, p=8×10−3) de MTEV étaient significativement associés au risque de récidive, mais pas l’âge au premier évènement (HR=1,1±0,18, p=0,76). L’analyse rétro-prospective des 1473 patients dont 554 récidives a permis d’affiner ces résultats. Les paramètres d’association étaient concordants et leur écart-types environ deux fois plus petits : HR=1,7±0,09 pour le sexe (p=2×10−9), HR=1,2±0,09 pour l’histoire familiale (p=0,04) et HR=1,3±0,10 pour l’âge au premier évènement (p=0,02).
Conclusion |
La méthodologie originale que nous proposons permet un gain de puissance pour étudier des facteurs de risque non dépendants du temps sur la récurrence d’un évènement en intégrant à la fois les données pré- et post-inclusion. Cette modélisation trouve un champ d’application immédiat aux études d’association génétiques portant sur le risque de récidive de maladie.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Analyse de survie, Évènements récurrents, Rétro-prospectif, Étude d’association pan-génomique
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Vol 69 - N° S1
P. S18 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.