Modélisation de l’évolution longitudinale des symptômes et de leurs prédicteurs chez les survivants de la maladie à virus Ebola en Guinée - 22/05/21
Résumé |
Introduction |
Des analyses longitudinales sont nécessaires pour mieux comprendre l’apparition des symptômes à long terme de la maladie à virus Ebola (MVE) chez les survivants. Les études précédentes ont rapporté des analyses transversales ponctuelles à chaque visite d’étude, ignorant l’évolution temporelle des symptômes et leur caractère intermittent entre les visites. L’objectif de cette étude était d’estimer la prévalence et d’identifier les facteurs de risque associés à l’apparition des symptômes chez les survivants de la MVE en Guinée.
Méthodes |
Il s’agissait d’une étude de cohorte prospective de personnes déclarées guéries de la MVE en Guinée (PosEtboGui). Chaque patient a bénéficié d’une consultation à l’inclusion et tous les six mois jusqu’à 48 mois. Une première publication a été réalisée sur les symptômes cliniques à l’inclusion. Dans cette analyse, étaient exclus les patients qui avaient moins de six mois de suivi. Les symptômes cliniques, leurs dates de début et de fin ont été enregistrés à chaque visite. Les durées des épisodes symptomatiques récurrents ont été estimées en utilisant la méthode de Turnbull adaptée pour les événements censurés par intervalles et en utilisant l’imputation multiple. Les estimations et leur Intervalle de confiance à 95 % (IC95 %) ont été calculées selon la méthode de Rubin en constituant cinq bases de données imputées et en tenant compte de la variance intra et inter. Une analyse multivariée par le modèle de Cox a été utilisée sur chaque base imputée pour analyser les facteurs de risque associés à l’apparition des symptômes et les estimations moyennes ont été calculées avec leurs 95 %IC tenant à compte de l’incertitude liée au modèle et au processus d’imputation.
Résultats |
Sur 802 guéris de la cohorte, les analyses ont porté sur les données de 722 survivants. Parmi eux 320 (44 %) étaient des hommes et 585 (81 %) avaient plus de 18 ans (âge médian : 28,7 ans ; intervalle interquartile [IIQ] : 19,6–39,7). Le suivi médian des patients était de 35,7 mois (IIQ : 31,3–41,6). Le nombre médian de visites dans l’étude était de 12 mois (IIQ : 10–16 mois). Au total, 98 % des 722 patients ont signalé au moins un symptôme au cours du suivi. Dans l’ensemble, la prévalence de tous les symptômes diminue significativement avec le temps, mais les symptômes restent présents 48 mois après la sortie du CTE, avec une prévalence de 30,68 % (IC95 % : 21,40–39,96) pour les symptômes abdominaux, 30,55 % (IC95 % : 20,68–40,41) pour les symptômes neurologiques, 5,80 % (IC95 % : 1,96–9,65) pour les symptômes musculosquelettiques et 4,24 % (IC95 % : 2,26–6,23) pour les symptômes oculaires. La moitié des patients (50,70 % ; IC95 % : 47,26–54,14) se sont plaints de symptômes généraux deux ans après leur sortie du CTE et 25,35 % (IC95 % : 23,63–27,07) quatre ans après leur sortie du CTE. L’hémorragie (rapport de risque [HR] : 2,70 ; p=0,007), les symptômes neurologiques (HR : 2,63 ; p=0,021) et généraux (HR 0,34 ; p=0,003) dans la phase aiguë de la maladie étaient indépendamment associés à la persistance des symptômes oculaires, tandis que l’hémorragie (HR : 1,91 ; p=0,046) et les douleurs abdominales (HR : 2,21 ; p=0,033) de la phase aiguë étaient significativement associés à la persistance des symptômes musculosquelettiques.
Conclusion |
Les conclusions de cette étude apportent un nouvel éclairage sur les complications cliniques à long terme de la MVE et leur association significative avec les symptômes dans la phase aiguë et renforce la nécessité d’un suivi régulier et adapté aux survivants de MVE.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Ebola, Survivants, Symptômes, Durée d’évènements, Cox
Plan
Vol 69 - N° S1
P. S19-S20 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.