Facteurs socio-comportementaux associés à la mortalité de cause hépatique et non hépatique chez les patients atteints d’hépatite C chronique (cohorte ANRS CO22 HEPATHER) - 22/05/21
Résumé |
Introduction |
Depuis l’arrivée des antiviraux à action directe, la quasi-totalité des patients souffrant d’hépatite C chronique (VHC) peuvent être guéris, mais leur risque de complications hépatiques et de maladies cardiovasculaires ou métaboliques reste plus élevé que dans la population générale. Dans ce contexte, il est important de pouvoir identifier les facteurs socio-comportementaux associés à la mortalité chez les patients VHC. Or, les études publiées à ce jour sont restreintes à des sous-populations spécifiques (ex : patients co-infectés par le VIH) ou à l’analyse des facteurs de risque cliniques. Nous avons analysé l’effet des facteurs socio-comportementaux sur l’incidence de décès de cause hépatique et non hépatique, chez des patients VHC suivis sur une durée de cinq ans.
Méthodes |
La population d’étude était composée des patients VHC participant à la cohorte prospective, multicentrique ANRS CO22 HEPATHER, ayant des données socio-comportementales et cliniques collectées lors d’une première visite d’inclusion et lors de visites de suivi annuelles pendant cinq ans. Les facteurs associés à la mortalité hépatique et non hépatique ont été identifiés à l’aide du modèle de Fine et Gray en présence de risques compétitifs. Les variables ont d’abord été testées en analyse univariée et celles ayant une p-valeur inférieure à 0,20 (test de Wald) dans au moins l’une des deux analyses ont été incluses dans l’analyse multivariée. Une sélection descendante des variables a été utilisée pour construire les modèles finaux avec un taux de significativité fixé à 5 % dans au moins l’une des deux analyses.
Résultats |
La population d’étude (n=10 420, 27 450 personnes-années) était composée de 55,9 % d’hommes et l’âge médian était de 56 ans (intervalle interquartile=[50-64] ans). À l’inclusion, 31,5 % des patients vivaient sous le seuil de pauvreté (niveau de vie du ménage <1015€/mois), 63,7 % étaient fumeurs actifs, 15 % avaient des antécédents de consommation excessive d’alcool (≥3 verres/jour pour les hommes et ≥2 verres/jour pour les femmes) et 32,4 % déclaraient une consommation élevée de café (≥3 tasses par jour). Concernant les caractéristiques cliniques, 29,1 % avaient été infectés par le virus de l’hépatite C au cours d’une transfusion sanguine, le génotype 1 du virus était majoritaire (63,6 %). Au total, 78,7 % des patients ont été guéris de l’hépatite C durant la période d’étude et 551 décès ont été observés (300 de cause hépatique, 251 de cause non hépatique). Vivre sous le seuil de pauvreté est associé à une augmentation significative de l’incidence de décès de cause hépatique (rapport des risques de sous-distribution ajusté [intervalle de confiance 95 %] : 1,39 [1,07-1,79]) et non hépatique (1,34 [1,00-1,78]), après ajustement sur le sexe, l’âge, l’indice de masse corporelle, le mode de contamination, le génotype et la guérison de l’hépatite C. De plus, les antécédents de consommation excessive d’alcool et le tabagisme à l’inclusion sont indépendamment associés à une augmentation de l’incidence de décès de cause hépatique (1,93 [1,38-2,70] et 1,38 [1,00-1,89], respectivement), tandis qu’une consommation élevée de café est un facteur protecteur pour cette cause de décès (0,48 [0,35-0,66]).
Conclusion |
A l’ère de la guérison de l’hépatite C, la précarité sociale, les antécédents de consommation excessive d’alcool et l’usage de tabac constituent des facteurs de risque socio-comportementaux de mortalité chez les patients avec hépatite C chronique.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Cohorte, Comportements, Hépatite C, Mortalité, Risques compétitifs
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Vol 69 - N° S1
P. S32 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.